Sécheresse : les fleuves "restent navigables", mais certains canaux "sont fermés à la navigation", explique une directrice de Voies navigables de France
Cécile Avezard indique que Voies navigables de France "essaye de développer des techniques pour être le plus économe possible en eau", par exemple "en regroupant les éclusages des bateaux pour limiter les pertes d'eau".
"Malgré la sécheresse, on arrive à naviguer sans trop de difficultés", les fleuves et cours d'eau "restent navigables", a affirmé mardi 2 août sur franceinfo Cécile Avezard, directrice territoriale Rhône-Saône de Voies navigables de France qui gère une grande partie des fleuves, des rivières et des canaux, soit 6 700 km de voies d'eau. Elle précise que sur le Rhin, la navigation est "limitée". Mais sur les canaux, des zones sont "fermées". Elle pointe également l'obligation de "concilier" les différents usages de l'eau.
franceinfo : Quelles sont les conséquences de la sécheresse pour les voies navigables ?
Cécile Avezard : On a des fleuves et des cours d'eau naturels qui sont aménagés pour la navigation. Et malgré la sécheresse, on arrive à naviguer sans trop de difficultés. On arrive à maintenir les lignes d'eau grâce à nos ouvrages qui sont pour l'essentiel des barrages de navigation. C'est ainsi que le bassin de la Seine, le bassin Rhône-Saône, le bassin qui dessert le port de Dunkerque, restent pour l'instant navigables car nous arrivons à maintenir les lignes d'eau. La seule grande voie de navigation naturelle qui est limitée, c'est le Rhin. Le dernier barrage sur le Rhin est en France. Et entre ce dernier barrage et l'exutoire du Rhin en Allemagne, il n'y a plus d'aménagement qui permet de retenir l'eau. L'eau va plus vite à la mer et les niveaux d'eau sont plus bas. Pour naviguer, cela reste possible, mais la ligne d'eau est plus faible, le tirant d'eau et plus faible. Ce qui fait que les bateaux sont obligés de charger au tiers de leur capacité pour pouvoir passer sur l'intégralité du réseau. Sur les rivières et les fleuves aménagés, on arrive à maintenir les lignes d'eau mais les débits sont plus faibles que d'habitude.
Est-ce que les canaux restent navigables ?
Sur le réseau artificiel, c'est à dire sur les canaux qui ont été construits pour relier les bassins les uns aux autres, les systèmes d'alimentation sont beaucoup plus dépendants de la pluviométrie. Et là on a plus de difficultés. Il y a des zones où on a été obligé de fermer la navigation parce que les tirants d'eau étaient insuffisants ou bien parce qu'il y a d'autres usages de l'eau qui sont prioritaires et qui font que l'on ne peut pas prélever l'eau dans le milieu naturel pour maintenir les milieux d'eau de la navigation. C'est soit pour des usages d'eau potable, à Nancy par exemple, soit des usages d'irrigation, soit des usages de tourisme. Il y a un certain nombre de nos barrages réservoirs qui servent aussi de plans d'eau touristique. Là, on est obligé de concilier deux usages de tourisme : un usage de plan d'eau touristique et un usage de navigation.
Est-ce qu'il y a des canaux fermés à la navigation ?
Le canal des Vosges est fermé, une partie du canal entre Champagne et Bourgogne, une partie du canal de la Meuse. Ce ne sont parfois pas forcément la totalité des itinéraires, mais il peut se trouver que, sur une partie de l'itinéraire, il y a une section que l'on ferme à la navigation, faute de tirant d'eau.
Est-ce que c'est devenu complexe aujourd'hui de concilier tous ces usages de l'eau ?
Oui, c'est de plus en plus complexe. Nous, dans notre façon de gérer notre réseau, nous essayons d'être le plus pointu possible. Sur nos canaux, on essaye vraiment d'être extrêmement économe en eau, par exemple en regroupant les éclusages des bateaux pour limiter les pertes d'eau. On essaye de développer des techniques pour être le plus économe possible en eau. On le fait sur le canal du Midi. On le fait sur le canal de Briare. Il y a un certain nombre de canaux qui sont assez fréquentés touristiquement, sur lesquels on demande aux usagers de se regrouper.
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