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Vidéo Sécheresse : "Le coût économique des canicules est un risque dont la perception des Français est souvent très faible", constate une hydrologue

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Temps de lecture : 3min
Article rédigé par franceinfo
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"70% de notre économie est dite 'météo sensible'", explique Emma Haziza, spécialiste de l'adaptation de nos sociétés aux bouleversements climatiques.

Les épisodes de canicule ont un coût important pour l'économie, rappelle sur franceinfo Emma Haziza, hydrologue spécialiste de l'adaptation de nos sociétés aux bouleversements climatiques. Le coût pour la France est estimé entre 24 et 37 milliards d'euros entre 2015 et 2020 par Santé Publique France. Un risque économique dont "la perception des Français est souvent très faible", selon Emma Haziza, alors que la France connaît une vague de chaleur précoce et des températures records en ce mois de juin.

>> Qu'est-ce que la plume de chaleur évoquée ces derniers jours par les climatologues ?

franceinfo : Selon une enquête de Santé Publique France, la répétition des épisodes de canicule a coûté 37 milliards d'euros seulement pour la France entre 2015 et 2020. Ça veut dire que ces quelques jours de chaleur nous coûtent très cher ?

Emma Haziza : Oui, le coût économique des canicules est rarement évalué. Et surtout c'est un risque dont la perception des Français est souvent très faible. On a en tête 2003 et 2009 mais on n'a pas le sentiment qu'on va revivre ça chaque année. Or le changement climatique nous raconte une nouvelle histoire. En 2003 on a une estimation précise du coût économique, c'est 15 milliards d'euros juste pour cet épisode de canicule. Pourquoi ? Parce que l'atteinte à l'économie a été directe. Parce que 70% de notre économie est dite "météo sensible". On va avoir une consommation en berne, des transports très perturbés, la production électrique va être restreinte. Mais ce qui est intéressant dans cette étude, c'est qu'on s'intéresse aux coûts sur la santé. Le coûts des appels à SOS Médecin, celui des entrées aux urgences et tout ce que va inclure une canicule.

Est-ce que c'est en train d'être pris en compte par les grands acteurs de l'économie ?

Ce qui a changé depuis 2003 c'est qu'on voit que les actions de prévention fonctionnent. On diminue de manière drastique la mortalité. Toutes ces actions ont eu leur effet, c'est déjà très positif. Par contre, on se rend compte qu'on est très loin de réussir à s'adapter. Ne serait-ce que la canicule de 2019 et ce report de l'épreuve de brevet nous a montré qu'on n'était pas capables d'adapter nos bâtiments. Trois ans après, avec l'épreuve de bac, on se rend compte que nos bâtiments n'ont toujours pas été adaptés. Ça signifie qu'il va falloir massivement réfléchir au fait que ce sera quelque chose qui arrive chaque année.

Par quoi faut-il commencer pour essayer d'améliorer la situation, de se sortir de ce tourbillon ?

Il y a les solutions de gestion de crise à mener maintenant, massivement, pour passer les bons messages à tous les échelons. Par contre, à plus long terme, il va falloir repenser la manière dont on gère le cycle de l'eau en France. La manière dont on traite nos sols. La manière dont on traite toute l'activité économique aujourd'hui s'appuie sur des fondements basés sur la ressource pétrolière.

"Si on ne prend pas en considération à quel point cette ressource en eau est fragile, on ne comprendra pas que c'est un changement de modèle, de paradigme qu'il va falloir mettre en place sur l'agriculture, sur nos bâtiments, dans nos villes."

Emma Haziza, hydrologue

à franceinfo

En fait, les solutions, on les a partout. Il faut juste les mettre en œuvre.

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