Climat : "Pour le moment, les efforts sont insuffisants", déplore François Gemenne
"Pour le moment, les efforts sont insuffisants", déplore, jeudi 7 novembre, sur France Inter François Gemenne, spécialiste de la géopolitique de l'environnement et coauteur du 6e rapport du Giec, alors que l'observatoire européen du climat Copernicus alerte sur la hausse de la température moyenne mondiale. Selon le service européen, l'année 2024 est sur le point de devenir l'année la plus chaude jamais enregistrée et pour la première fois la limite de 1,5°C de réchauffement sera franchie sur une année civile.
François Gemenne considère que les efforts menés par les différents États depuis cinq ans ont permis "d'épargner 2 milliards de tonnes de CO2". Mais il craint que la réélection de Donald Trump comme président des États-Unis vienne "effacer les efforts réalisés au niveau mondial". Le spécialiste du climat considère en effet que le futur nouveau président américain "voit les ressources fossiles des États-Unis comme une source de richesse, de fortune immense pour le pays".
Des négociations "boiteuses"
La prochaine conférence sur le climat, la COP29, doit s'ouvrir le 11 novembre en Azerbaïdjan, avec parmi ses enjeux "les engagements financiers des pays industrialisés en soutien à la transition et à l'adaptation dans les pays du Sud". Mais François Gemenne redoute des négociations "boiteuses" du fait même de l'élection de Donald Trump, dont les "objectifs" ont toujours été "de tailler dans les budgets et de réduire la contribution américaine aux fonds multilatéraux". "Tous les engagements, toutes les promesses que pourraient prendre les délégués américains la semaine prochaine risquent bien d'être malmenés trois mois plus tard dès que Donald Trump sera en fonction, donc personne ne va accorder de crédit aux promesses que pourraient faire les délégués américains", prévient le spécialiste.
François Gemenne revient aussi sur le risque de voir Donald Trump, une fois à la Maison Blanche, "se retirer des accords de Paris" en entraînant derrière lui d'autres pays comme "l'Argentine, la Russie ou la Hongrie". "En 2017 on avait réussi à éteindre l'incendie, d'autres pays n'avaient pas emboîté le pas, mais cette fois-ci, le risque est bien plus grand", insiste-t-il. Le coauteur du Giec évoque tout de même "un maigre espoir" à travers le fait que "le gouvernement fédéral américain ne contrôle pas toutes les émissions" de gaz à effet de serre aux États-Unis. Preuve en est, il assure que "ces émissions sont en baisse aux États-Unis depuis 2005, y compris sous la première administration de Donald Trump". "Mais il est certain que les États-Unis n'atteindront pas l'objectif qu'ils s'étaient fixé, c'est-à-dire une baisse de 50% des émissions d'ici 2030 par rapport à 2005", ajoute-t-il.
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