Douceur des températures : "Nous sommes dans un contexte de réchauffement climatique assez marqué", affirme le climatologue Jean Jouzel
Pour l'ancien vice-président du GIEC, "les chiffres sont sans appel", "les hivers sont de plus en plus doux en moyenne, et il en sera de même l'hiver que nous allons terminer." Il appelle à plus de "sobriété" dans nos déplacements pour réduire les émissions de CO2.
Après une importante vague de froid il y a quelques jours, la douceur s'est installée en France. Des températures printanières sont attendues pour la semaine du 22 au 28 février."Nous sommes dans un contexte de réchauffement climatique assez marqué",analyse dimanche sur franceinfo le climatologue Jean Jouzel.
Des hivers plus doux et plus courts
"Quand on regarde les soixante dernières années, c'est trois dixièmes de degrés par décennie" que l'on a gagné, souligne Jean Jouzel. En été, c'est "un peu plus" avec "quatre dixièmes de degrés par décennie, c'est à dire plus de deux degrés depuis une cinquantaine d'années". L'hiver, les écarts sont moindres avec "entre deux et trois dixièmes de degrés par décennie", indique le climatologue. "Les chiffres sont sans appel", estime-t-il. "Les hivers sont de plus en plus doux en moyenne, et il en sera de même l'hiver que nous allons terminer."
"Contrairement au sentiment qu'on peut avoir, en tout cas dans le nord de la France, cet hiver sera un hiver relativement doux et probablement pas un hiver record. Parce que le sud de la France a été exceptionnellement doux".
Jean Jouzelà franceinfo
Jean Jouzel note "un record battu de plus de 25 degrés dans le Pays basque" ces derniers jours. Nous sommes donc "dans ce contexte de réchauffement climatique" qui se traduit "de façon inéluctable par des hivers plus courts qui commencent un peu plus tardivement ou qui se terminent un peu plus tôt, si on garde la même notion de l'hiver".
L'ancien vice-président du GIEC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) reste malgré tout prudent, refusant de "dire s'il y aura un retour du froid au mois de mars. L'hiver n'est pas terminé". Mais plus globalement, "cette notion de l'hiver tend à disparaître", défend-il. "Quand on regarde les hivers des années 1960" ils étaient "quatre à cinq degrés plus froid qu'aujourd'hui en moyenne".
Un appel à la "sobriété" dans nos déplacements
Ce contexte climatique "nous invite à prendre toutes les mesures pour limiter ce réchauffement climatique au cours des prochaines décennies", plaide Jean Jouzel. Il souligne que "se loger, se nourrir, se déplacer, c'est plus de 60% des émissions" de gaz à effet de serre. Chacun de nous peut selon lui faire "un effort qui pourrait nous permettre de diminuer de jusqu'à 25% les émissions de gaz à effet de serre si nous faisions attention, si nous étions un peu sobres par rapport à ce qui est vraiment notre vie de tous les jours".
Le climatologue appelle notamment à "un changement des habitudes de mobilité". Selon Jean jouzel, "sans sobriété par rapport à nos déplacements, sans une certaine sobriété, sans un appel à un engagement vraiment dans les mobilités douces, le risque, c'est que les émissions liées à mobilité reprennent leur cours d'avant" la pandémie de Covid-19. Il est donc selon lui "souhaitable" d'en tirer des conséquences par rapport à "ce que nous pourrions faire pour contribuer, chacun d'entre nous, à la lutte contre le réchauffement climatique".
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