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Douze maires interpellent Total et pensent lancer "le premier procès climatique français"

Invitée sur franceinfo ce mardi, Marie Toussaint, la présidente de l'association "Notre affaire à tous", estime que les douzes maires qui ont interpellé Total sur le réchauffement climatique par courrier pourraient lancer "le premier procès climatique français".

Article rédigé par franceinfo
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Citernes de l'entreprise Total, à la raffinerie de Donges, près de Saint-Nazaire, en octobre 2013. (VILLALON RICHARD / MAXPPP)

Douze maires de communes françaises, soutenus par des ONG, ont adressé une lettre à Total, lundi 22 octobre, pour lui demander de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre le réchauffement climatique. Il s'agit des villes d'Arcueil, de Bayonne, de Bègles, de Correns, de Grande-Synthe, de La Possession, de Mouans-Sartoux, de Nanterre, de Saint-Yvon, de Sevran, de Vitry-le-François, de Grenoble ainsi que la collectivité territoriale de l'Est-ensemble Grand Paris.

Si le groupe Total ne répond pas favorablement, ils pourraient lancer "le premier procès climatique français", explique mardi 23 octobre sur franceinfo Marie Toussaint, présidente de l'association "Notre affaire à tous" qui fait partie des ONG qui soutiennent cette initiative.

franceinfo : Vous demandez à Total de changer son plan de vigilance devant être publié en mars 2019, de quoi s'agit-il ?

Marie ToussaintUn plan de vigilance, c'est une loi récente mise en place en 2017 qui invite les grands groupes multinationaux à mettre en place des plans pour prévenir les risques qui sont liés à leurs activités en matière à la fois de droits humains et d'environnement. Mais pour l'instant, le plan de vigilance de Total est non seulement très court, mais en plus ne cite qu'à peine le risque climatique et ne l'évalue absolument pas. Ce qu'il faut bien faire voir, c'est que pour respecter l'Accord de Paris, c'est-à-dire limiter le réchauffement à 1,5 ou 2°C, il faudrait laisser trois quarts des réserves fossiles aujourd'hui connues sous le sol. Or Total est en train de poursuivre l'achat de productions pétrolières, mais également de continuer l'exploration notamment au large des côtes de la Grèce ou du Brésil. On a besoin qu'il s'arrête d'explorer et qu'il s'arrête d'exploiter une partie des puits de pétrole aujourd'hui en fonctionnement.

Pourquoi avoir choisi d'interpeller Total alors que ce n'est pas la seule multinationale qui rejette des émissions de gaz à effet de serre ?

Quand on compte l'intégralité de ses activités, Total a des émissions qui sont égales à plus de deux tiers des émissions totales de la France, donc c'est un élément de comparaison puisque certaines des émissions de Total sont décomptées dans les émissions de la France. Mais Total est aussi le 19e pollueur mondial depuis 1988. C'est tout naturellement que nous nous tournons vers la première société française, qui fait partie de ce qu'on a appelé les pollueurs majeurs.

Et si Total ne vous donne pas de réponse favorable, que va-t-il se passer ?

Il nous sera possible de lancer ce qui sera effectivement le premier procès climatique français, après ceux qui ont déjà fait New York, San Francisco, Oakland, et dans une trentaine de collectivités aux États-Unis. À travers le monde, la société civile dans son ensemble demande de plus en plus aux États et aux multinationales de tenir leurs engagements et de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique. C'est bien dans ce paysage-là que nous nous inscrivons. Notre action est aussi un appel à l'ensemble du monde économique pour qu'ils agissent et qu'ils n'attendent pas. Une grande partie du secteur économique est déjà engagé dans la transition économique. Les multinationales traînent des pieds et donc c'est effectivement un appel que nous leur lançons.

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