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Interdiction de la clim portes ouvertes et réduction de la publicité lumineuse : "Pas de mesures miracles", mais "c'est important", réagit négaWatt

Ces mesures ne vont réduire que trÚs peu la consommation d'énergie française, mais il s'agit malgré tout d'un pas intéressant dans la bonne direction, selon Yves Marignac. Il souhaite maintenant que le gouvernement aille plus loin.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une affichette "Magasin climatisé", sur la vitrine d'un établissement, le 26 juin 2019 à Paris. (BRUNO LEVESQUE / IP3 / MAXPPP)

Il ne s'agit "pas de mesures miracles", mais "c'est important". Le chef du pĂŽle Ă©nergies nuclĂ©aire et fossiles de l’Institut nĂ©gaWatt, Yves Marignac, a rĂ©agi dimanche aux annonces de la ministre de la Transition Ă©nergĂ©tique dans le Journal du dimanche. "Dans les prochains jours, je vais prendre deux dĂ©crets : le premier gĂ©nĂ©ralise l'interdiction des publicitĂ©s lumineuses quelle que soit la taille de la ville entre 1h et 6h du matin", Ă  l'exception des aĂ©roports et des gares, et "le second interdit aux magasins d'avoir leurs portes ouvertes alors que la climatisation et le chauffage fonctionne", a dĂ©clarĂ© AgnĂšs Pannier-Runacher.

franceinfo : Est-on dans le symbole, avec ces deux mesures annoncées par la ministre de la Transition énergétique ? Ou bien peuvent-elles permettre de faire de vraies économies d'énergie à l'échelle du pays ?

Yves Marignac : On est entre les deux. Il n'y a de toute façon pas de mesures miracles qui permettent d'atteindre les 10% de baisse de la consommation totale d'Ă©nergie en deux ans, qui est l'objectif fixĂ© par le gouvernement et qui est un bon objectif. LĂ , on parle de mesures qui sont susceptibles de rĂ©duire de quelques pourcents les consommations d'un secteur qui lui-mĂȘme reprĂ©sente quelque pourcents de la consommation française. Mais c'est important parce que justement, c'est en travaillant sur tous les leviers, en allant chercher toutes les consommations d'Ă©nergie inutiles que l'on atteindra collectivement cet objectif. AprĂšs, ces mesures ne seront efficaces que si tout le monde s'en convainc. Si des sanctions sont envisagĂ©es, des amendes, etc., il est Ă©videmment impossible d'aller vĂ©rifier autrement que ponctuellement l'application de ce type de mesures.

Laisser les portes ouvertes, "c'est 20% de consommation en plus et (...) c'est absurde", a justifié AgnÚs Pannier-Runacher sur RMC. C'est un discours qui va dans le bon sens ?

Ce qui est frappant dans le discours de la ministre aujourd'hui, et dans ces mesures, c'est qu'elle nous rappelle, en creux, Ă  quel point, depuis plusieurs dĂ©cennies, on a vĂ©cu dans cette promesse d'une Ă©nergie abondante, pas chĂšre, fournie par l'État Ă  tous, et qu'on a complĂštement perdu de vue la rĂ©alitĂ© de nos consommations d'Ă©nergie. Qu'on en soit Ă  un point oĂč le gouvernement a besoin de rappeler que fermer les portes dans un local commercial climatisĂ© est important, alors que c'est Ă©videmment une mesure de bon sens, illustre ça.

La Convention citoyenne pour le climat, voulue par Emmanuel Macron, avait proposé l'interdiction de tous les écrans publicitaires dans l'espace public. Cette proposition a été écartée. Faut-il la remettre sur table ?

C'est typiquement une mesure qui, symboliquement, aurait aujourd'hui beaucoup de sens. D'autant plus que ces panneaux tĂ©lĂ©visĂ©s publicitaires vĂ©hiculent eux-mĂȘmes des messages qui nous incitent pour l'essentiel Ă  cette frĂ©nĂ©sie de surconsommation. La Convention citoyenne pour le climat avait montrĂ© comment les citoyens placĂ©s dans cette situation de dĂ©libĂ©ration sur les enjeux de la transition Ă©nergĂ©tique et les leviers d'action avaient parfaitement compris toute la dimension de la sobriĂ©tĂ©. Comment ils avaient parfaitement renvoyĂ© aux politiques un message disant "nous, on est d'accord, on est prĂȘts Ă  le faire, on a envie d'une certaine maniĂšre de sortir de cette surconsommation, mais on ne peut pas et on ne veut pas le faire tout seul". De ce fait, il faut que le gouvernement mette en place des choses. Quand la ministre parle de la vitesse de circulation sur les autoroutes ou du recours au tĂ©lĂ©travail, elle renvoie au dialogue social. Elle refuse d'engager l'État dans une forme de rĂ©gulation de ces activitĂ©s. C'est de ça dont je parle, quand je dis qu'il faudra dans la durĂ©e, mettre en place des actions plus structurantes si on veut transformer, rendre notre mobilitĂ© plus durable. Si on veut rendre nos modes de consommation et donc les pratiques des entreprises industrielles plus soutenables, il faudra que l'Etat se dĂ©cide Ă  rĂ©glementer et Ă  dire oĂč sont les limites de consommation soutenables.

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