Sécheresse dans le Doubs : la préfecture recherche des sources d'eau "pour les rendre potables et les utiliser dans l'urgence"
Le Doubs est particulièrement touché par le déficit pluvieux des dernières semaines. Des mesures exceptionnelles pour éviter à des habitants de manquer d'eau potable ont été prises et d'autres sont à l'étude, explique vendredi le préfet du département.
En raison de la sécheresse, quelque 35 communes du Doubs (Bourgogne-Franche-Comté) n'ont plus d'eau dans leurs ressources principales. Sur franceinfo, vendredi 26 octobre, le préfet du département, Joël Mathurin, a expliqué les mesures déployées pour maintenir l'eau potable au robinet. Mais elles ne peuvent pas durer. La préfecture cherche aussi de nouvelles sources et "des solutions" pour les rendre potables. "La situation est exceptionnelle. Météo France nous dit qu'on n'a pas vu ça depuis 1949, cela fait quatre mois sans pluie", a-t-il précisé.
franceinfo : Y a-t-il aujourd'hui des habitants du Doubs qui n'ont pas d'eau potable ?
Joël Mathurin : Nous avons pris des décisions exceptionnelles, en particulier pour 35 communes. Nous avons dû mettre en place un dispositif exceptionnel de transport d'eau par citernes de pompage pour alimenter les populations, et un dispositif d'interconnexions entre différents gestionnaires d'eau pour assurer l'eau potable pour à peu près 150 000 habitants. Nous allons chercher de l'eau dans les sources un peu plus éloignées, nous les ramenons vers les zones d'approvisionnement pour faire en sorte que l'eau potable puisse arriver au robinet. Pour l'instant, nous avons trouvé des solutions, mais elles sont exceptionnelles. La priorité absolue a été évidemment que la consommation humaine soit privilégiée, mais cela a eu des conséquences, notamment parce que j'ai dû prendre des décisions de réserve d'eau dans les hauts du Doubs, faire en sorte que l'eau ne puisse pas redescendre dans la vallée. Il va donc y avoir des conséquences en particulier en matière de mortalité des poissons qui seront importantes.
Combien de temps ces solutions peuvent-elles tenir ?
Nous avons une visibilité de 15 jours et je referai une réunion de crise. Nous sommes en train de chercher des sources d'eau complémentaires pour faire face à toute éventualité. J'ai lancé un travail d'état des lieux avec l'Agence régionale de santé pour analyser des sources complémentaires que nous n'avons pas utilisées aujourd'hui pour l'eau potable. Dans les circonstances actuelles, nous allons voir quelles solutions de traitement pourraient être mises en place pour les rendre potables, et pour pouvoir les utiliser dans l'urgence. Mais il est clair qu'il faut qu'il pleuve. Ce week-end, nous allons avoir 20 mm de pluie, mais il faudrait avoir 80 mm pour que nous puissions être sortis d'affaire. Les 20 mm de pluie vont quand même apporter une petite solution, mais elles ne vont pas résoudre le problème. Nous serons encore en situation de crise pendant encore au moins 15 jours.
Les restrictions d'eau dans votre département ont-elles bien été appliquées ?
Cela fait déjà plus de trois semaines que j'ai pris des mesures de restriction d'eau pour l'usage. Il est interdit d'utiliser l'eau pour l'arrosage, le lavage des voitures. Et nous avons mis en place des prescriptions en termes de comportement pour l'usage domestique de l'eau. Pour l'instant, nous n'avons pas à déplorer d'incivilités. Les maires ont mis en place un travail de pédagogie très important vis-à-vis de la population. À ce stade, je considère que nos citoyens ont un grand esprit civique, je n'ai pas à déplorer de difficultés. Le seul problème que nous avons vraiment, ce sont les mortalités spectaculaires de poissons qui ne sont peut-être pas comprises par tout le monde, en particulier par la Fédération de pêche. C'est dommage. Il va falloir gérer cela et tirer les conséquences aussi, mais j'ai évidemment privilégié la consommation humaine.
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