: Reportage "On a besoin de spiritualité en ce moment" : les catholiques de Mayotte ont assisté à la messe de Noël sur l'archipel dévasté
Un 25 décembre dans les décombres, dans le 101e département de France, dévasté par le cyclone Chido. Mayotte - où la population est à 95% musulmane - célèbre tout de même Noël dans les deux seules églises de l’archipel. Comme à Notre-Dame-de-Fatima, à Mamoudzou, mardi matin, où près de 400 fidèles sont venus écouter la messe.
Des chaises sont disposées jusqu’à l’extérieur. L’église est pleine de gens de toutes origines, tous marqués par le cyclone. Joëlle est congolaise et serre fort son petit garçon d’un an : "Pendant la tragédie, j'étais avec lui. Il était dans mes bras et je priais Dieu. Alors aujourd'hui, on est venus à la messe." Le père Bienvenu Kasongo est le curé de la petite église joliment décorée et qui n’a pas subi de dégâts : "Dans cette messe de Noël, où Jésus est né, sous les décombres, là où nous sommes, là où il n'y a pas de maison, là où les gens dorment à l'extérieur… Jésus est né à tous ces endroits-là."
"On vient ici pour avoir un peu cet esprit de Noël"
Beaucoup de ceux qui sont là ont perdu au moins partiellement leur toit, 12 jours avant Noël. Sylvie, qui est arrivée il y a deux ans à Mayotte, ne voulait pas rater cette messe : "C'était incontournable vu ce qu'il s'est passé. La naissance du Christ, le symbole que ça implique, aujourd'hui ça a un vrai sens. Il n'y a pas eu de messe hier soir parce qu'il y a le couvre-feu à 22h mais je tenais à être là ce matin." Sylvie n'est pourtant pas très pratiquante. "Je suis baptisée mais je n'ai pas baptisé mes enfants, donc je suis une mauvaise chrétienne, dit-elle avec le sourire. On a besoin de spiritualité en ce moment, tous."
Sandrine, elle, est réunionnaise et vit à Mayotte depuis une dizaine d’années : "On vient ici pour avoir un peu cet esprit de Noël qui n'est pas présent actuellement. On est encore vivants, on est en bonne santé, c'est déjà bien." Sandrine va aussi préparer un repas de Noël : "On va essayer, avec ce qu'on a... J'avais des amis qui étaient censés être avec nous, on avait fait notre menu. Au final, le menu est tombé à l'eau parce qu'il n'y a pas les produits, on n'a pas trouvé, il n'y a pas de frigos donc on ne peut pas conserver. Au final, on fera du riz, des sardines et ça sera très bien. On se contentera de ça, c'est déjà bien", conclut-elle.
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