Inondations dans l'Aude : "Tout Méditerranéen peut être soumis" à ce genre de phénomènes, estime une hydrologue
Plusieurs villes de l'Aude se sont retrouvées sous les eaux ce lundi, après de violentes averses. Pour l'hydrologue Emma Haziza, interrogée sur franceinfo, cet épisode est "assez typique du bassin méditerranéen".
"Tout Méditerranéen peut être soumis à des inondations", a expliqué lundi 15 octobre sur franceinfo Emma Haziza, hydrologue experte en gestion du risque inondations, après les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le département de l'Aude. Mais, selon elle, face à ces phénomènes, les villes ont "des solutions".
franceinfo : Comment analysez-vous ce qui s'est passé cette nuit dans l'Aude ?
Emma Haziza : Ces précipitations diluviennes sont arrivées sur un territoire qui avait déjà été en partie saturé par des pluies la semaine dernière. Il y a eu une réaction immédiate sur le plan hydrologique et l'eau s'est engouffrée partout. Des témoignages nous indiquent qu'à plusieurs kilomètres du fleuve, la hauteur d'eau a atteint deux à trois mètres, c’est-à-dire qu'on a eu les effets de ce qu'on appelle des ruissellements en nappes durant toute la nuit. Ce que l'on voit là est assez typique de ce que l'on peut voir sur l'ensemble du bassin méditerranéen, c’est-à-dire qu'on a un cours d'eau et des affluents qui réagissent, mais aussi tout un territoire.
Est-ce que des digues ou des édifices peuvent contenir ce genre de phénomènes ?
Les digues sont de faux amis. C'est très bien pour contenir un certain débit, sauf qu'à partir d'un certain moment, les digues peuvent rompre et représenter un danger supplémentaire. A partir du moment où une digue cède, on passe à des crues extrêmement rapides, violentes et dévastatrices. En 1999, on a eu des dizaines de ruptures de digues.
Comment les villes peuvent-elles se prémunir de ces phénomènes ?
Là, on est dans un contexte méditerranéen, où on a déjà vu en 2002, 2003 et 2005 des crues dévastatrices et meurtrières qui nous ont permis de comprendre que même en étant situé à huit kilomètres d'un cours d'eau, on peut être ravagé par trois mètres de hauteur d'eau. Cela veut dire que tout Méditerranéen peut être soumis à ces inondations. Ce que l'on peut faire, c'est déjà de comprendre : quelle est la hauteur d'eau potentielle qui peut atteindre un bâtiment ? Une fois qu'on a cette hauteur d'eau potentielle, on va chercher toutes les mesures les plus ajustées pour rendre ce bâtiment imperméable. Passé une certaine hauteur d'eau, on va chercher à protéger l'humain, c’est-à-dire qu'on va créer des zones refuges. On le fait déjà à Nîmes, Cannes ou encore Montpellier. Ce sont des villes qui sont en train de devenir résilientes au risque inondations, alors qu'elles sont soumises aux mêmes phénomènes météorologiques. Aujourd'hui, il y a des solutions.
Avenue du Général Charles de Gaulle à Trèbes, pendant et avant l'inondation.
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