"La neige c'est une saloperie, c'est plus dangereux" pour les sans-abri : des places d'accueil supplémentaires à Paris et dans 22 départements
Avec le lancement du plan "grand froid" dans 22 départements, des places sont débloquées dans des centres pour aider les sans-abri durant cette période glaciale.
"Vous entrez ou vous sortez ?", lance la responsable du centre d'accueil de jour pour les sans-abri de l'hospice Saint-Michel dans le 12e arrondissement de Paris. Comme dans 22 départements en France, le lancement du plan "grand froid" a permis de débloquer des places supplémentaires. Dans la capitale, 220 places ont été créées alors que les températures continuent de baisser sur l'ensemble du territoire, accompagnées de chutes de neige.
"C'est plus dangereux pour eux"
Brigitte Lucas, la responsable du centre, peste contre la météo qui met en difficulté les sans-abri. "La neige pour moi dans mon travail au quotidien, c'est une saloperie. Les gens sont en situation d'humidité, ils n'arrivent pas à se sécher. C'est plus dangereux pour eux", se désole-t-elle.
À l'intérieur du centre, Roger se réchauffe avec un café avant de prendre une douche. Cela fait dix ans qu'il est à la rue et comme beaucoup, il dort sous une tente dans le bois de Vincennes malgré le froid glacial. "En général, je ne suis pas dans la tente dans la journée parce que je peux pas rester dehors dans le froid comme ça à ne rien faire", explique-t-il. Assis à coté devant la télévision, Hakim lui aussi dort dans les bois depuis deux ans. L'homme raconte à quel point c'est difficile. "Pour les autres je ne sais pas, mais pour moi c'est dur. C'est mon deuxième hiver" explique-t-il.
Je me réveille la nuit quand il y a du vent surtout. C'est vraiment plus galère à cause de la pluie et du froid. Moi j'ai des cartons, mais à chaque fois il faut les changer.
Hakimà franceinfo
Si malgré le froid, des gens dorment encore à la rue, ce n'est pas un problème de places selon la responsable du centre, car l'État en donne chaque hiver. Selon Brigitte Lucas, le dispositif n'est pas adapté. "On se retrouve avec des personnes en situation de rue qui ne veulent pas aller dans les gymnases. C'est parce que c'est du collectif, ils en ont une mauvaise image. Ils préfèrent rester sur leur lieu de vie, c'est là la réalité. Il faudrait des structures plus petites, plus accueillantes, plus chaleureuses qui leurs conviennent", estime-t-elle.
En attendant, Hakim et Roger sont retournés "au bois" comme ils disent pour une nouvelle nuit dehors enveloppés dans leurs trois épaisseurs de duvets pour survivre une nuit de plus à ce froid mortel.
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