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Infographies Sécheresse : quatre graphiques pour visualiser l'aggravation de la situation en France

En plus des vagues de chaleur, l'Hexagone connaît un été 2020 particulièrement sec. Depuis une soixantaine d'années, différents indicateurs permettent de suivre l'évolution des phénomènes de sécheresse, qui se font de plus en plus sévères.

Article rédigé par Brice Le Borgne
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Carte de France de l'indice d'humidité par département, au 3 août 2020.  (FRANCEINFO)

Restreindre les remplissages de piscines, l'arrosage des plantes ou les lavages de voitures. Après plusieurs mois sans pluie, c'était au tour du département de l'Aude de prendre des mesures de restriction d'eau, le 31 juillet. Presque toute la France est touchée puisque, jeudi 6 août, 78 départements étaient concernés par des mesures de restriction ou de vigilance, selon le site Propluvia.

Pour observer les phénomènes de sécheresse, qui s'accélèrent depuis plusieurs décennies, il faut suivre différents indicateurs : pluviométrie, indice d'humidité, restrictions sur les prélèvements d'eau... 

Juillet 2020, le plus sec depuis 1959

Avant même la fin du mois de juillet, Météo France le constatait : la France a connu le mois de juillet le plus sec depuis soixante ans. La pluviométrie, qui permet de définir le niveau de "sécheresse météorologique", n'avait jamais été aussi faible depuis 1959.

Au niveau national, il n'est tombé que 16,38 mm de pluie, alors que la normale est de 60,8 mm. Il avait plu 40,47 mm en juillet 2019, ou 116,12 mm en 2014. "Ce déficit de pluie touche plus particulièrement les régions du Sud-Ouest à la vallée de la Loire et au Nord-Est", précise l'institut.

Les deux tiers de la France particulièrement touchés

Conséquence directe d'une pluie rarissime, les sols se sont asséchés. Météo France définit ainsi un second indicateur : l'indice d'humidité des sols. Il permet de constater la sécheresse dite "agricole", qui concerne les sols allant de un à deux mètres de profondeur, et qui dépend de la pluie, mais aussi du vent, de la nature des plantes et du sol ou encore des températures. A ce titre, les vagues de chaleur et les épisodes caniculaires de cet été contribuent au phénomène, sans en être le facteur principal. L'indicateur varie de 0 à 1,5 : plus il est proche de 0 et plus le sol est sec ; plus il tend vers 1,5 et plus les sols sont saturés en eau.

A part l'ouest et la côte sud de la France, tous les départements avaient, au 3 août, un indice d'humidité plus bas que leur moyenne de référence. Ces écarts sont particulièrement grands dans le nord : l'Aisne connaît un indice d'humidité de 0,11, soit inférieur de près de 70% à sa normale.

De plus grandes surfaces touchées par la sécheresse

Et depuis soixante ans, la surface touchée par la sécheresse des sols tend à augmenter. Si les données pour les années les plus récentes ne sont pas encore disponibles, la tendance sur les dernières décennies est à la hausse. "L'évolution de la moyenne décennale montre l'augmentation de la surface des sécheresses, passant de valeurs de l'ordre de 5% dans les années 1960 à plus de 10% de nos jours", note Météo France. Il est encore néanmoins difficile de savoir si les années 2019 et 2020 dépasseront les événements les plus sévères, comme en 1976, 1989, 2003 et 2011.

De plus en plus de restrictions en eau

Pour faire face à cet appauvrissement en eau, les autorités décident de plus en plus de prendre des arrêtés pour restreindre l'utilisation de l'eau et sauvegarder les réserves. Au 6 août, d'après le site Propluvia, sur les 78 départements en vigilance ou ayant pris des restrictions, 31 sont à un niveau de "crise" : les prélèvements non prioritaires ou agricoles y sont interdits, seuls sont maintenus ceux qui servent à des usages de santé ou de sécurité.

D'après les données de ce site, tenu par le ministère de la Transition écologique, on constate une augmentation tendancielle du nombre de départements touchés. Le 6 août 2019, 85 d'entre eux étaient en vigilance ou restriction, mais on en comptait 49 le 6 août 2018.

Les nappes phréatiques à un bon niveau

Point rassurant, néanmoins, le niveau de l'eau dans les nappes phréatiques est "au-dessus de la moyenne sur les grandes nappes", indique Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), institut qui observe le phénomène. Mais si l'hiver 2019-2020 a permis un bon rechargement des eaux souterraines, la situation est contrastée d'une région à l'autre. Les nappes du Roussillon ou de la Côte d'Azur sont relativement hautes, mais celles situées en Alsace, en Bourgogne ou dans le Berry ont des niveaux "bas à très bas par rapport aux moyennes", indique le BRGM sur son dernier bilan. Ces dernières sont "des nappes qui sont plus réactives à la sécheresse, car elles sont peu profondes, ou du fait de leur géologie", précise Violaine Bault.

Plus généralement, les prévisions du projet Explore 2070, publiées en 2015 et qui se basaient sur des modèles du Giec, estimaient que la recharge des nappes d'eau souterraines pourrait baisser de 10 à 25% d'ici à 2070. L'étude indiquait par ailleurs que cette diminution devrait entraîner une baisse des débits des cours d'eau et une augmentation de la durée des périodes où ceux-ci sont à sec. 

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