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"La plus grosse inquiétude serait que ça dure jusqu'à l'hiver" : avec la sécheresse, le Doubs s'est évaporé sur des kilomètres

La sécheresse frappe une nouvelle fois le Doubs, où la rivière n'existe plus sur plusieurs kilomètres. C'est la deuxième fois en deux ans que le phénomène se produit, et la situation commence sérieusement à inquiéter.

Article rédigé par Alain Gastal - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des embarcations échouées à l'endroit où se situait autrefois le Doubs, à Villers-le-Lac (Doubs). (ALAIN GASTAL / RADIO FRANCE)

"La végétation a repris ses droits". À Villers-le-Lac (Doubs), les curieux viennent par dizaines constater la quasi-disparition de cette rivière sur des kilomètres. "C'est quand même triste de voir ça", se désolent-ils, devant cet endroit où le Doubs s'est comme évaporé, victime de la sécheresse de plus en plus sévère.

Benjamin, le président des pêcheurs de la commune, se souvient qu'au début de l'été, il a fallu sauver en catastrophe, à grands coups de filet, des centaines de poissons. Passé la mi-septembre, il est plus inquiet que jamais. "La plus grosse inquiétude serait que ça dure jusqu'à la période d'hiver, explique-t-il. Normalement, en septembre-octobre, on commence à voir les premières pluies d'automne, mais là, elles ne sont pas annoncées, en tout cas pas ces quinze prochains jours."

Une étendue d'herbe remplace aujourd'hui la rivière, victime de la sécheresse à Villers-le-Lac (Doubs). (ALAIN GASTAL / RADIO FRANCE)

Installer une bâche d'étanchéité ?

Comme le désert, la partie asséchée de la rivière avance toujours, obligeant Tiffany Droz-Bartholet, gestionnaire des bateaux du Saut du Doubs, à reculer toujours son embarcadère pour éviter l'échouage. "On a déplacé l'embarcadère un petit peu plus loin dans le village, raconte-t-elle. On se décale au fur et à mesure que l'eau se retire." Et même si la partie la plus jolie est toujours navigable, la balade en bateau sur le Doubs s'est réduite de moitié, ce qui amène à envisager des solutions radicales. "Il y aurait une possibilité d'étancher sur quelques centaines de mètres cette partie-là, avec des bâches par exemple, et ça permettrait de maintenir la réserve naturelle et ses répercussions écologiques et économiques", suggère Tiffany Droz-Bartholet.

Une bâche coulée dans la rivière pour empêcher les fuites par le fond du lit constituée d'éboulis. L'idée ne convainc pas vraiment les experts. Pour Pascal Reilé, hydrogéologue, auteur de plusieurs études sur le bassin du Doubs, si les sécheresses continuent, le cours supérieur pourrait par endroits devenir une vallée sèche, et les conséquences à long terme toucheraient tout le paysage. "Les assecs vont induire des dégradations au niveau de l'alimentation en eau des forêts, affirme l'expert. Nous sommes en plein Jura avec des futaies magiques et on va peut-être se retrouver à l'échelle des 300 ans avec un causse buissonnant comme peut l'être le Larzac." Et déjà, les premiers signes de souffrance apparaissent clairement sur les sapins au bord du Doubs.

Les conséquences de la sécheresse dans le Doubs : écoutez le reportage d'Alain Gastal
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