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Pourquoi les orages en cours ne permettront pas de mettre un terme à la sécheresse

De fortes pluies sont annoncées dans le sud de la France, mais ces précipitations ne seront pas suffisantes pour rattraper le déficit de pluviométrie enregistré depuis le début de l'année.

Article rédigé par franceinfo
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La Savoureuse à sec à Belfort (Territoire de Belfort) le 12 août 2022. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

La pluie est de retour. Après une troisième vague de chaleur qui a touché toute la France, des orages sévissent depuis dimanche dans plusieurs régions. Météo France a placé cinq départements du sud de l'Hexagone en vigilance orange aux orages, mardi 16 août.

Ces pluies en grandes quantités étaient attendues sur l'ensemble du territoire, alors que le pays vit un épisode de sécheresse historique. Le niveau des nappes phréatiques est particulièrement bas et plusieurs communes ont été privées d'eau en juillet, le mois le plus sec jamais enregistré par Météo France.

Mais ces précipitations, courtes et intenses, ne sont pas forcément de bon augure. Franceinfo vous explique pourquoi elles ne permettront pas de freiner la sécheresse.

Parce qu'il faudrait des pluies plus étalées dans le temps

Beaucoup d'eau en peu de temps. Voilà ce que Météo France prévoit pour la journée de mardi. En cours d'après-midi sur le sud du Massif central (le Tarn et l'Aveyron) ainsi que dans l'Aude, "on attend localement des cumuls de 20 à 40 mm en moins d'une heure", note l'institut de prévisions dans son dernier bulletin.

Les orages doivent gagner l'Hérault et le Gard en fin d'après-midi avec d'intenses précipitations. "On pourra localement dépasser 100 à 120 mm", prévient Météo France. Ces orages devraient se décaler vers la région Provence-Alpes-Côte d'Azur dans la nuit.

Or, le rythme de ces précipitations n'est pas adapté pour bien hydrater les sols."On préfère des pluies qui tombent de façon modérée sur une longue durée que des pluies qui tombent de façon très intense sur très peu de temps, comme c'était le cas ce dimanche où la pluie n'a pas le temps de pénétrer dans le sol", détaille sur TF1 Patrick Galois, prévisionniste à Météo France.

"La sécheresse dure depuis un bout de temps, les végétaux sont en souffrance, et il va falloir des petites pluies régulières pour espérer que cette végétation reparte", confirme auprès de BFMTV Romaric Cinotti, référent feux de végétation à Météo France.

Parce que le déficit de pluie sur l'année est trop important pour être si vite comblé

Il a très peu plu sur la France depuis le début de l'année. Après un hiver très sec, les précipitations étaient rares au printemps, et l'été caniculaire n'a pas arrangé la situation. Juillet 2022 a été le mois le plus sec depuis le début des relevés en 1959, avec un déficit de pluie de 85%.

"Le cumul de précipitations depuis le début de l'année hydrologique (septembre 2021) affiche des valeurs inférieures à la normale de 10 à 50% sur la totalité du pays", chiffrait Météo France dans son dernier bulletin hydrologique, le 8 août. Dans ce contexte, les orages ponctuels qui s'abattent sur la France sont loin de combler un déficit de long terme.

Parce que la pluie ruisselle sur les sols secs qui absorbent moins l'eau

Paradoxalement, l'eau pénètre moins bien dans les sols secs. Ce phénomène est illustré par une vidéo de l'université britannique de Reading. L'expérience du chercheur Rob Thompson consiste à renverser un verre rempli d'eau sur trois types de sols différents : un humide, un normal et un sec. Résultat : l'eau s'infiltre beaucoup plus difficilement dans le sol asséché.

Un phénomène qui s'explique par l'herbe morte, qui ne boit plus, et la dureté des sols. "Une partie du couvert végétal est morte et n'absorbe plus d'eau. Et puis les terres durcissent, la structure du sol change, et au lieu d'avoir quelque chose de meuble, on a une surface dure", résume Jérôme Lecou, prévisionniste chez Météo France à Ouest France.

Pire, de fortes pluies sur sols secs peuvent favoriser les inondations, car l'eau ruisselle sans pénétrer dans la terre. "Après une période de sécheresse, les sols asséchés ne sont plus en capacité d'absorber correctement les précipitations et cela peut provoquer des crues, des inondations et des glissements de terrain", prévient le centre d'information sur l'eau.

Parce que cet épisode de pluie ne suffira pas à recharger les nappes phréatiques

Il faudra attendre l'hiver pour voir les nappes phréatiques se recharger. "Le sol est en première position face à la pluie, c'est lui qui se sert en premier. Cela va permettre un redémarrage de la vie végétale, explique l'hydrologue Vazken Andreassian auprès de franceinfo. Mais par contre, les nappes phréatiques doivent attendre : elles se servent en dernier."

"Il faudrait plusieurs épisodes de ce type pour recharger un peu durablement les nappes", analyse Yves Tremblay, hydrologue au laboratoire Hydrosciences de Montpellier interrogé par franceinfo. Encore faudra-t-il que l'hiver prochain soit plus pluvieux. Au risque de se retrouver confronter aux mêmes problèmes de sécheresse, avec des nappes déjà au plus bas.

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