Sécheresse : dans les Pyrénées-Orientales, "on n'est pas sorti de l'auberge malgré les économies d'eau", indique un élu
Nicolas Garcia, premier vice-président du conseil départemental des Pyrénées-Orientales en charge de l'eau, et maire d’Elne, estime ne "pas être sorti de l'auberge avec la sécheresse" malgré les "économies d'eau faites", notamment sur la côte touristique. Le département est en "crise sécheresse" jusqu'à fin septembre, avec des restrictions d'usage de l'eau prolongée jusqu'à cette date.
franceinfo : Quelle est la situation au milieu de l'été ?
Nicolas Garcia : On n'est pas sorti de l'auberge avec cette sécheresse. On a peut-être un peu levé la garde, en tout cas dans la communication en juillet, parce qu'il y avait le tourisme, ça reculait un peu en juillet. Mais la sécheresse est là. Il n'a pas plu. On sort de quatre jours de tramontane, de vent qui assèche tout. On a perdu un peu le bénéfice des quelques pluies. Les nappes ne se sont pas rechargées parce que le peu d'eau qui est tombée, soit la tramontane l'a séchée, soit la végétation l'a pris. On va vraiment vers des moments très durs.
Au-delà des nappes phréatiques, les rivières sont touchées ?
Les cours d'eau sont très bas. L'Agly ne coule plus à partir de la moitié de son parcours. Le Tech est très bas. La Têt est alimentée par un barrage qu'on a eu la chance de remplir début juillet grâce à de beaux orages : c'est le seul fleuve qui coule à peu près correctement, mais il sort à peu près six mètres cubes seconde et il en rentre deux, ce barrage-là. Ça ne durera pas non plus des mois s'il ne pleut pas.
"Toutes les nappes phréatiques sont en alerte renforcée."
Nicolas Garcia, en charge de l'eau dans les Pyrénées-Orientalesà franceinfo
Vous êtes un département touristique : cela a-t-il un impact concernant l'usage de l'eau ?
En bordure côtière, il y a eu quelques économies d'eau faites car il y a moins de touristes, et il y a eu une prise de conscience des professionnels comme des particuliers. Il y a quand même jusqu'à 20% ou 25% de consommation en moins sur la côte. Il n'empêche que les nappes sont tellement basses qu'on pompe sur les réserves dans les nappes profondes, les nappes pliocène. C'est préjudiciable pour l'avenir. Si on passe un automne et un hiver comme l'an passé, on va vraiment vers des situations compliquées.
Le ministre de l'Agriculture a annoncé mi-juin une aide de deux millions d'euros pour aider le département à faire face : cela suffit-il ?
Il faut aussi mettre de l'argent pour des solutions techniques d'économie d'eau, de récupération, de stockage d'eau. Au-delà de ça, il faut aussi une aide sur le plus long terme pour travailler sur le paysage et le mode de production agricole. Si on veut que les agriculteurs améliorent leur manière de produire pour stocker un peu plus d'eau dans le sol, il faudra les aider, et aider aussi les collectivités à planter des arbres. Ce sont des solutions de fond qui peuvent permettre d'influer sur le climat. Il y a vraiment une prise de conscience à avoir de la part des pouvoirs publics, et mettre en place des aides pour qu'on transforme un petit peu le paysage, le mode de production, qu'on ne s'en tienne pas aux solutions techniques qui utilisent de l'eau comme avant.
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