Sécheresse : "La situation est préoccupante pour l'agriculture et pour la végétation"
Francetv info a interrogé le climatologue Michel Schneider pour mieux comprendre l'épisode de sécheresse actuel.
La chaleur persistante qui s'abat depuis fin juin en France et le manque de précipitations ont plongé plusieurs régions dans une situation de sécheresse. Pas moins de 41 départements sont ainsi soumis à des restrictions totales ou partielles d'eau. La sécheresse n'est pas rare dans le sud de la France mais, cette année, la précocité du phénomène inquiète. Francetv info a interrogé le climatologue de Météo France Michel Schneider pour mieux comprendre d'assèchement des sols.
Francetv info : Quand on parle de sécheresse, de quoi s'agit-il exactement ?
Michel Schneider : Plusieurs réalités se cachent derrière le mot sécheresse. Celle-ci peut être météorologique (un déficit prolongé des précipitations), agricole (un déficit en eau des sols superficiels) ou encore hydrologique (déficit en eau des lacs, rivières et nappes phréatiques). A chaque fois, ce sont des mécanismes un peu différents.
Quel type de sécheresse touche en ce moment la France ?
Il s'agit en ce moment d'une sécheresse agricole avec des sols superficiels (de 1 à 2 mètres de profondeur) particulièrement secs. Début mai, la situation était satisfaisante. Mais le mois de mai a été sec dans un certain nombre de régions et en juin les pluies n'ont été abondantes que dans le Sud. Les sols ont donc commencé à s’assécher au moment où la végétation était en forte demande. Là-dessus est arrivé le mois de juillet, avec son absence de pluie et ses fortes chaleurs.
En revanche, au niveau des nappes phréatiques, le Bureau de recherches géologiques et minières se veut plutôt rassurant. Les nappes sont assez bien remplies, car lors des dernières périodes de recharge (chaque année de septembre à mars), les précipitations ont été assez importantes.
La situation va-t-elle s'améliorer dans les prochaines semaines ?
Au regard des prévisions actuelles, il est difficile de dire si l’on se dirige vers une amélioration de la situation. Le passage d'une zone orageuse est au programme ce week-end, mais elle ne sera pas généralisée. Puis, en début de semaine prochaine, le temps sera de nouveau plus sec. D'autant que l'on ne se trouve pas encore au creux du cycle, dans la période la plus sèche de l'année. Celle-ci se situe en moyenne autour de la première quinzaine d'août.
Ensuite tout peut arriver. Si les conditions ne changent pas – avec la prédominance d’un anticyclone qui nous protège de la pluie et des températures assez chaudes – la situation va devenir de plus en plus dramatique. Mais rappelons que la météo n'est pas une science exacte et que nous sommes incapables de prévoir aujourd'hui les précipitations qui se produiront le 10 août.
Quelles sont les conséquences de cette sécheresse ?
La situation est préoccupante pour l'agriculture et pour la végétation en général. Cet état de sécheresse avancée des sols peut entraîner des départs de feu. Les animaux ont également à souffrir de la situation.
Nous n'avons plus qu'à attendre la pluie ?
Oui, et pour que la situation s’améliore nous n'avons pas besoin d’une très longue période de pluie. Une ou deux perturbations suffiraient. Cela ne permettrait pas de revenir à la normale du jour au lendemain, mais cela éviterait un drame. Autant pour le remplissage des nappes phréatiques, cela peut prendre du temps, autant sur les sols superficiels, la situation s'améliore rapidement avec la pluie. Il en faut quand même suffisamment sinon l'amélioration ne sera que temporaire.
La France a-t-elle connu des sécheresses comparables par le passé ?
L'été 1976 était pire, car il s'agissait d'une sécheresse doublée d'un manque dans les nappes phréatiques. Du coup, on ne pouvait pas irriguer les cultures. Ensuite, en ce qui concerne uniquement les sols, on est proche des records de sécheresse pour certaines régions comme le Limousin, l’Auvergne, l’Ile-de-France ou le Nord de la région Rhône-Alpes.
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