"Si les chevreuils ne les mangent pas, ce sera le futur de la forêt" : en Bretagne, un an après la tempête Ciaran, la nature renaît
Des vents à près de 200 kilomètres heures, c'était il y a un an, dans la nuit du 1er au 2 novembre 2023 la tempête Ciaran frappait la France, suivie quelques jours plus tard de la tempête Domingos, avec des dégâts catastrophiques sur les forêts en Bretagne. Par endroits, jusqu'à 80% des arbres ont été couchés ou déracinés par la force du vent. Un an après, les stigmates de Ciaran sont toujours bien visibles, mais les forêts se remettent peu à peu.
"Une nuit épouvantable"
La grande maison de Marie-Thé et René-Pierre donne directement sur la forêt de Huelgoat, dans le Finistère. Ce couple de retraités possède même une petite parcelle. "C'est le bois qui nous a plu, avec ces grands rochers, il y avait une ambiance extraordinaire", racontent-ils. Mais Ciaran, depuis, est passé par là. "Ça a été une nuit assez épouvantable", résume Marie-Thé. "Et le matin, j'étais en larmes", poursuit René-Pierre.
"Notre forêt était par terre, il y avait des branches partout, des grands trous, et ces arbres déracinés, notamment un énorme hêtre, c'était affreux."
René-Pierreà franceinfo
Plus loin, au sommet d'une colline, la tempête a fait tomber tous les arbres. "À plusieurs endroits, on a quatre à cinq hectares d'un seul tenant qui sont tombés", détaille Pascal Gauthier, de l'Office national des forêts. Mais, au milieu des branches qui jonchent encore le sol, un signe encourageant apparaît avec quelques petites pousses.
"Cinq à dix centimètres, c'est déjà bien pour une première année. On a un cyprès, un bouleau, un pin sylvestre, un Douglas..."
Pascal Gauthier, ONFà franceinfo
"Si les chevreuils ne les mangent pas, ce sera vraiment le futur de la forêt", explique Pascal Gauthier. "Sur Huelgoate en particulier, on a l'avantage d'avoir des capacités de germination d'un tas d'espèces qui vont revenir toutes seules, je suis assez confiant", dit-il.
Retrouver un équilibre dans la forêt
Surtout que l'ONF aide les lieux à se remettre, d'abord en dégageant et revendant tous les arbres abattus par la tempête. Ce travail-là est terminé, désormais, il faut s'assurer que la forêt retrouve son équilibre. Certaines essences, les sapins en particulier, ne doivent pas prendre le pas sur d'autres à la repousse : "Le dosage du forestier est de faire en sorte qu'il n'envahisse pas tout. Il est présent, il se renouvelle, mais on essaye toujours de calmer un peu son emprise", glisse-t-il.
"Ce sera le choix qui sera fait dans 10 ou 15 ans d'aller couper des sapins au profit de hêtres, de chênes, de châtaigniers."
Pascal Gauthier, de l'ONFà franceinfo
Il faudra quoi qu'il arrive des décennies pour que la forêt retrouve son aspect d'avant Ciaran, mais le dérèglement climatique pourrait compliquer le retour à la normale. Les tempêtes risquent de devenir de plus en plus violentes et les sécheresses plus fréquentes, même en Bretagne.
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