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Tempête Miguel : ce que l'on sait du naufrage d'une vedette de la SNSM aux Sables-d'Olonne

En intervention pour sauver un bateau de pêche, une vedette, avec sept sauveteurs à son bord, a chaviré au large des Sables-d'Olonne, en Vendée. Trois d'entre eux sont morts. Le pêcheur n'a pas été retrouvé.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des sauveteurs de la SNSM en intervention le 7 juin 2019 sur une plage des Sables d'Olonne.  (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)

Accident rarissime alors que la tempête Miguel balaie le littoral atlantique. Trois sauveteurs sont morts, vendredi 7 juin, après le naufrage d'une vedette de la SNSM qui partait secourir un bateau de pêche, au large des Sables-d'Olonne (Vendée), a annoncé la préfecture du département. Franceinfo fait le point sur ce drame.

Que s'est-il passé ? 

Le Carrera, un chalutier de 11,50 mètres, s'est trouvé en difficulté, vendredi, à l'entrée du chenal du port des Sables-d'Olonne. Selon la préfecture maritime de l'Atlantique, le navire de pêche "avait l'intention de rentrer au port dans de très mauvaises conditions météorologiques". A bord, un retraité originaire des Sables-d'Olonne qui pêchait la crevette pour compléter sa retraite, selon le maire de la ville, Yannick Moreau. 

La vedette de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), le SNS 061 Jack Morisseau, est sortie pour lui porter secours avec un équipage de sept sauveteurs de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Elle a chaviré à quelques centaines de mètres au large de la plage de Tanchet. Au milieu d'une mer démontée, le canot de la SNSM a embarqué de l'eau "car les vitres ont explosé après une très grosse vague et le bateau a pris de la gîte", selon Xavier de la Gorce, président de la SNSM. Puis le bateau de la SNSM s'est couché, de l'eau est rentré dans le moteur et dans les circuits électriques "ce qui a fait que le bateau n'était plus manœuvrant", a dit Xavier De la Gorce.

Quatre sauveteurs, qui étaient à 200 mètres du rivage, ont pu se sauver en nageant. "Si ça avait été à 500 mètres, ça aurait été beaucoup plus grave, il aurait pu y avoir sept morts", a ajouté le président de la SNSM. Trois sauveteurs ont eux été "pris au piège : les brassières de sécurité se sont gonflées et ça les a plaqués au plafond". Le canot de la SNSM, qui est auto-redressable, a pu se redresser deux fois mais pas une troisième fois en raison de l'importance de l'eau à bord.

Selon la préfecture, huit personnes "présentes sur le rivage ont spontanément tenté de porter secours" aux sauveteurs. "Les pompiers se sont jetés à l'eau, au sens propre, alors que les vagues déferlaient (...) Ils ont sans aucun doute sauvé la vie de plusieurs membres de l'équipage de ce canot de sauvetage", selon le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, qui s'est rendu sur place.

Le bateau de pêche a coulé. "On a retrouvé des débris et un canot de sauvetage vide", a précisé la préfecture maritime.

Qui sont les victimes ?

Trois sauveteurs, âgés de 28, 51 et 55 ans, sont morts. Deux d'entre eux sont restés coincés dans le bateau qui est allé s'échouer sur les rochers au bout de la plage des Sables-d'Olonne. "C'étaient tous des marins confirmés qui connaissaient le pêcheur qui était parti en mer", a expliqué le préfet maritime.

"On a perdu trois marins bénévoles, volontaires, qui ont payé leur engagement de leur vie, c'est d'une tristesse absolue", a commenté Yannick Moreau au micro de France Bleu. "Mes pensées accompagnent les sauveteurs en mer des Sables-d'Olonne endeuillés", a réagi de son côté le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.

Un des quatre rescapés a passé la nuit à l'hôpital. "Les médecins ont préféré le garder en observation", a indiqué à l'AFP Xavier de la Gorce, président de la SNSM, précisant qu'il était "légèrement blessé".

Le pêcheur porté disparu n'a pas été retrouvé, vendredi. Le préfet maritime de l'Atlantique a décidé de mettre fin aux opérations de recherches, a indiqué à la préfecture à France Bleu Loire-Océan, samedi. Le préfet a considéré qu'il n'y avait plus d'espoir de retrouver le pêcheur.

Pourquoi le bateau a-t-il chaviré ?

Si le préfet de Vendée a indiqué n'avoir pas "suffisamment d'informations précises" pour comprendre les conditions de sortie du bateau de pêche, Benoît Brocart a évoqué "des éléments déchaînés" en raison de la tempête MiguelLe littoral est balayé par les vents avec des rafales dépassant les 120 km/h. La Vendée avait d'ailleurs été placée en vigilance orange vendredi matin. "La mer était démontée et c'était probablement le pire moment", a commenté le préfet maritime. La veille, la préfecture appelait déjà à une grande prudence et "à reporter les nombreuses activités se déroulant en extérieur à cette période de l'année". 

La vedette Jack Morisseau était le "bateau de réserve" de la station, selon la SNSM. Construit en 1986, il a été remplacé en 2016 par un autre navire, qui était en arrêt technique vendredi. Jugé "insubmersible", le Jack Morisseau était "apte à partir en sauvetage", a assuré une porte-parole de la SNSM. Mais une lame a explosé une vitre du cockpit et a provoqué une panne de moteur.

Le bateau était-il trop vieux ? "Le canot que les sauveteurs de la SNSM ont utilisé pour porter assistance aurait dû être à la retraite", estime de son côté le maire. La SNSM a reçu un nouveau bateau "arrivé il y a deux ans, que les collectivités territoriales, la SNSM et les souscriptions ont payé", mais "qui n'est pas en service, qui n'est pas opérationnel et qui n'a pas pu sortir". Pour Yannick Moreau, il est toutefois "difficile de dire si les vitres auraient été plus solides sur le nouveau bateau. Ce qui est sûr, c'est que le nouveau bateau est censé être plus marin et plus résistant qu'un bateau qui a plus de trente ans".

Y a-t-il des précédents ? 

Un naufrage aussi meurtrier n'était pas arrivé depuis plus de trente ans, selon le président de la SNSM. "C'est un traumatisme chez les sauveteurs car il n'y a pas eu d'accidents graves depuis 1986, où l'équipage de la station de l'Aber-Wrac'h est décédé en opération", a déclaré Xavier de la Gorce, interrogé par BFMTV. Cette année-là, cinq sauveteurs avaient péri dans la nuit du 6 au 7 août au retour d'une mission.  

Selon les informations de France 3 Pays de la Loire, un accident similaire était survenu en février 2002. Un sauveteur était tombé à l'eau lors d'une intervention pour porter secours à un véliplanchiste en difficulté et n'avait pas survécu.

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