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Militaires tués : les enquêtes de Montauban et de Toulouse regroupées

Le pistolet automatique utilisé à Toulouse dimanche puis à Montauban jeudi contre des militaires est bien le même, ont confirmé des enquêteurs au Parisien.fr.

Article rédigé par franceinfo
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Des policiers enquêtent sur le meurtre de deux militaires à Montauban (Tarn-et-Garonne), le 15 mars 2012. (ERIC CABANIS / AFP)

Trois militaires tués en cinq jours dans la région toulousaine et une question : ces meurtres sont-ils liés ? Dimanche à Toulouse (Haute-Garonne), un parachutiste a été tué par un tireur en deux-roues. Jeudi, à une cinquantaine de kilomètres de là, à Montauban (Tarn-et-Garonne), deux autres paras ont été abattus et un troisième grièvement blessé par un tueur circulant à scooter.

En raison de leurs similitudes, les deux enquêtes ont été regroupées vendredi 16 mars. FTVi revient sur les points communs troublants entre ces affaires, alors que l'Armée de terre annonce des mesures de vigilance renforcées pour les militaires de la région toulousaine.

• Arme identique

Vendredi, des enquêteurs ont confié au Parisien.fr que l'arme ayant servi à tuer les deux militaires de Montauban était bien la même que celle utilisée dimanche à Toulouse.

Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Intérieur avait indiqué sur France Info qu'il s'agissait d'"une arme de poing de calibre 11.43 selon les expertises balistiques". La veille, le procureur de Toulouse, Michel Valet, avait indiqué que les enquêteurs se posaient des "questions sérieuses" en raison de "ressemblances" dans les deux affaires. Elles sont d'ailleurs suivies par la même unité de police, le Service régional de police judiciaire (SRPJ) de Toulouse.

• Un mode opératoire similaire

Jeudi, 14h10, à Montauban, un homme sur un puissant scooter, vêtu de noir et portant un casque à visière, descend de son engin et tire à bout portant sur ses victimes. Le tireur prend la fuite, laissant derrière lui une quinzaine de douilles ainsi qu'un chargeur, raconte Midi libre.

Le dimanche précédent, 16h10, à Toulouse, le meurtrier conduit lui aussi un scooter et tue sa cible d'une balle dans la tempe, rapporte La Dépêche du Midi.

• La piste du "loup solitaire" 

Selon les informations du Figaro, la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la PJ, qui n'est pourtant pas encore saisie, travaille sur "l'hypothèse du 'loup solitaire', un tueur fanatique en somme, qui se serait "auto-alimenté'"

•  Des cibles différentes

A Montauban, trois soldats ont été visés. Deux ont été tués. Agés de 26 et 24 ans, ils étaient en tenue militaire et sortaient de leur caserne du 17e régiment du génie parachutiste.

A Toulouse, la cible était isolée. Le maréchal des logis-chef de 30 ans n'était en outre pas en service et était donc vêtu en civil. Ce jour-là, ce sous-officier du 1er régiment de train parachutiste de Francazal, près de Toulouse, avait rendez-vous pour vendre sa moto. Cet homme divorcé n'avait pas d’antécédent judiciaire. Il était bien considéré par ses chefs du régiment, où il était arrivé en 2004, précise Midi libre.

• Des circonstances dissemblables

A Toulouse, le crime a eu lieu dans le quartier résidentiel de Montaudran, dans l'est toulousain, près de la ceinture périphérique. Le militaire tué habitait non loin de là. Il était au guidon de sa moto, une puissante cylindrée, quand un homme est arrivé à sa hauteur à scooter avant de s'arrêter et de tirer.

A Montauban, les militaires se trouvaient près d'un distributeur de billets, dans un quartier tranquille et commerçant de la ville. Le deux-roues du tireur était garé de manière à pouvoir observer les soldats franchissant les grilles de la caserne pour se rendre dans le petit centre commercial tout proche. "Une position qui laisse supposer la préméditation", commente La Dépêche du MidiPour le quotidien régional, "la piste du guet-apens pour un mobile encore indéterminé reste la plus crédible".

• Un mobile inconnu

Le ministre de la Défense, qui s'est rendu à Montauban jeudi soir, a affirmé que, pour le moment, "rien ne permet d'écarter telle ou telle hypothèse". "Les motifs peuvent être extrêmement différents, depuis la démarche individuelle jusqu'à quelque chose de collectif. Nous n'en savons rien, a poursuivi Gérard Longuet. Tout doit être exploré, et c'est un travail intense, complexe, qui va mobiliser des dizaines d'enquêteurs."

Ces dernières années, des militaires du 17e régiment de génie parachutiste auquel appartenaient les trois victimes de Montauban ont régulièrement été déployés en Afghanistan. Quant au 1er régiment du train parachutiste de la base de Francazal, auquel appartenait le militaire tué à Toulouse, il a également effectué des missions sur le front afghan. Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'est refusé, vendredi, à établir un lien entre ces meurtres et la présence de soldats français sur ce terrain d'opération. 

"Ces actes peuvent avoir une connotation anti-institutionnelle", reconnaît un préfet de la place Beauvau interrogé par Le Figaro"Ce genre d'exécution fait penser à la pire époque des attentats basques. Il y a une volonté de tuer à tout prix qui fait froid dans le dos, un acte de barbarie, un acte gratuit", a pour sa part estimé la députée-maire de Montauban, Brigitte Barèges

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