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A Soweto : "Ce n'est pas un deuil, nous célébrons la vie" de Mandela

REPORTAGE | Entre les chants et les danses des militants de l'ANC, l'ancien parti de Mandela, les touristes venus déposer un bouquet de fleurs, les parents accompagnés de leurs enfants, une foule disparate se presse devant l'ancienne maison de Nelson Mandela, au cœur de l'immense township de Soweto. 
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Franceinfo (Franceinfo)

Hector reste penché quelques secondes de plus que les autres
au pied du portrait de Nelson Mandela installé devant l'ancienne maison de
"Madiba" transformée en musée. Il vient de déposer une rose jaune
achetée un peu plus bas dans la rue.

"Il m'a donné un travail, personne ne me demande
mes papiers aujourd'hui dans la rue, je ne paie pas de loyer mais seulement
l'électricité. C'est tout cela que Nelson Mandela m'a donné et c'est pour ça
que je me recueillais
", confie le quinquagénaire de Soweto, ancien fief de
la résistance contre l'apartheid.

Dans la rue Vilakazi, bordée de dizaines de caméras de
télévision et de restaurants, chacun rend hommage à sa manière à l'ancien président
sud-africain. Les militants de l'ANC, le parti de Nelson Mandela, arpentent
inlassablement le bitume en dansant sur des chants d'hommage "au plus
grand homme politique du pays
".

Très peu de tristesse ou de larmes parmi les dizaines de
personnes présentes ce samedi. "Ce n'est pas un jour de deuil. Nous sommes
ici pour célébrer la vie de Nelson Mandela. Lui dire merci d'avoir jeté les
bases de notre pays
", explique Michelle, une Afrikaner venue de Pretoria,
la capitale.

"*Quand un événement comme ça arrive dans un pays, nous avons
besoin de nous retrouver, tous ensemble. Nelson Mandela a jeté des bases de
l'unité en Afrique du Sud, on doit continuer son combat maintenant",

  • poursuit sa fille Georgia, une "born-free", née après la fin de
    l'apartheid.

Helekana est venu sur Vilakazy Street avec ses quatre petits garçons pour leur montrer "des endroits réels, comme cette maison, pour leur montrer que cet homme a existé. Il faut aussi qu'ils étudient sa vie à l'école. Son corps est parti mais son esprit reste avec nous ".

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Un peu à l'écart, Törsten observe le spectacle. Il est venu
d'Allemagne pour faire du vélo et se rappelle qu'à "l'école, on nous
disait que Nelson Mandela était un terroriste et un communiste. Vingt ans plus
tard, le monde entier rend hommage à un homme de paix. C'est quelque chose
d'extraordinaire. Un homme de cette envergure, il y en aura peut-être un autre
quelque part dans le monde. Mais aujourd'hui je n'en vois pa
s".

"Madiba continue d'être bon pour nous "

Une figure, un mythe, un emblème. Nelson Mandela a tout pour
faire vendre, et les nombreux marchands ne s'y trompent pas. Dadindisa a installé trois grands seaux noirs près de l'entrée
de l'ancienne maison du héros de la lutte contre l'apartheid. Il vend ses
bouquets de roses et de chrysanthèmes comme des petits pains à "environ
trois euros, en fonction du client
".

"Mais ça donne du travail aux
plus jeunes
", explique-t-il. A Soweto, le taux de chômage est au-dessus
des 52%. "Madiba continue de répondre à nos besoins, même s'il n'est plus
là. Et puis, regardez le taux de chômage ici. 'Tata' nous disait de nous
lever et d'entreprendre des choses par nous-mêmes. Ici, c'est l'opportunité pour
ceux qui ne sont pas allés à l'école de faire un peu d'argent
", sourit un
jeune vendeur de t-shirt Nelson Mandela à dix euros pièce. 

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