Afghanistan : la France discute avec les talibans pour permettre la poursuite d'évacuations "ciblées" de civils afghans, déclare Emmanuel Macron
Les pourparlers à ce sujet sont "fragiles et provisoires", a reconnu le président français. Un "pont aérien" pourrait être assuré par le Qatar.
Les vols français permettant l'évacuation de civils afghans depuis l'aéroport de Kaboul ont pris fin vendredi 27 août. Mais la France espère pouvoir mener dans les mois à venir d'autres "évacuations ciblées" d'Afghans éligibles à l'asile, a affirmé Emmanuel Macron samedi, lors d'une conférence de presse à Bagdad (Irak). Des discussions sont en cours avec les talibans, bien qu'elles soient "fragiles et provisoires", a expliqué le chef de l'Etat. Le Qatar pourrait, selon lui, jouer un rôle d'intermédiaire.
"Notre objectif est que nous puissions, dans les jours, les semaines, les mois qui viennent, par ce travail de coopération avec le Qatar, dans le cadre de discussions avec les talibans, procéder à des opérations d'évacuation ciblées pour protéger ces femmes et ces hommes que nous avons identifiés", a déclaré Emmanuel Macron.
"Plusieurs centaines" d'Afghans concernés
Les Afghans concernés seraient, selon le chef de l'Etat, ceux qui ont reçu de la France des "titres provisoires" leur donnant droit à une évacuation, mais qui n'auraient pas pu être exfiltrés à temps.
Il affirme que ces documents ont été envoyés à "toutes les Afghanes et les Afghans qui nous ont été signalés", que la France est parvenue à contacter et qui seraient "à protéger compte tenu de ce qu'ils sont et du combat qu'ils portent". "Plusieurs centaines" de personnes les ont reçus, mais n'ont pas réussi à se rendre à l'aéroport de Kaboul, a-t-il expliqué.
Les discussions sur leur possible évacuation "se sont entamées" avec les talibans, affirme Emmanuel Macron. Les pourparlers impliquent aussi le Qatar, a-t-il expliqué, car l'émirat, "dans le cadre des discussions [qu'il a] avec les talibans, a la possibilité peut-être d'aménager des opérations de pont aérien".
2 834 évacuations depuis la chute de Kaboul
Le président de la République s'est dit "très prudent" sur la concrétisation de ces évacuations, rappelant qu'elles ne pourraient pas se faire sans être "négociées avec les talibans", qui devraient se charger des "opérations de sécurisation" de ces départs de personnes menacées par les insurgés.
Il a présenté le fait que les talibans acceptent ces évacuations d'Afghans souhaitant demander l'asile comme un des "prérequis essentiels" à une éventuelle "reconnaissance" par la France du nouveau régime. Il a également posé comme condition "le respect d'une ligne rouge à l'égard de tous les groupes terroristes" et le respect des droits de l'Homme, "en particulier la dignité des femmes et leurs droits".
Le chef de l'Etat a également livré un bilan des opérations d'évacuation menées par l'armée française. Entre le 17 et le 27 août, la France a évacué 2 834 personnes d'Afghanistan, au cours d'une quinzaine de vols : 142 Français, 17 Européens et plus de 2 600 Afghans.
Emmanuel Macron a également évoqué l'engagement français en Irak, où il se trouve pour une visite de deux jours. "Quels que soient les choix américains, nous maintiendrons notre présence pour lutter contre le terrorisme en Irak, aussi longtemps que l'Irak le demandera", a-t-il promis. "Nous avons les capacités opérationnelles pour assurer cette présence".
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