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Afghanistan: le «bacha bazi», un esclavage sexuel qui vise les jeunes garçons

Le «bacha bazi» est une coutume pédophile afghane, qui remonte au XIXe siècle. Toujours tolérée, elle est très répandue au sein des forces afghanes soutenues par l'Occident. C'est aussi une arme utilisée par les talibans pour piéger et commettre des attaques contre des policiers et des militaires.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le commandant de la police afghane, Seddiqullah, 30 ans, se dit préoccupé par ces attaques de Talibans qui font appel à des bachas. (RATEB NOORI / AFP)

La loi afghane punit le viol et criminalise l'homosexualité. Mais elle n’interdit pas le «bacha bazi», qui signifie littéralement «jouer avec les garçons» en dari, l'une des deux langues officielles afghanes. 

En Afghanistan, les bachas sont souvent des enfants issus de milieux très pauvres et vendus à un tiers par leur propre famille pour de l’argent ou des cadeaux. Certains sont même kidnappés. Lors de soirées réservées aux hommes, ces enfants sont contraints de danser habillés en femme et sont victimes de rapports sexuels forcés. 

Car, selon la tradition, avoir à sa disposition, sous son toit, un bacha est un symbole de pouvoir et d'influence pour un chef de guerre, un policier ou un militaire, dans les régions pachtounes d'Afghanistan et du Pakistan. 

Un «mort-vivant»
Les témoignages de familles de victimes sont rares car ces personnes sont souvent accablées par la honte et le chagrin. L’AFP est parvenue à retrouver un jeune Afghan réchappé des griffes d’un policier. Traumatisé, il lui a été impossible de raconter ce qui lui était arrivé deux ans plus tôt. Le regard fixe, voûté au-dessus de sa tasse de thé, il est décrit par son père comme un «mort-vivant». «Ses cicatrices vont mettre du temps à guérir», admet-il à propos de son fils qui a réussi à échapper à son agresseur grâce à l'intervention d'une personne de pouvoir.


Une arme pour les talibans
Il arrive aussi que ces mineurs soient recrutés par des rebelles talibans pour approcher des policiers ou des gradés militaires qu’ils sont chargés de tuer en les empoisonnant ou les droguant.

Le président afghan Ashraf Ghani a promis une «enquête approfondie» sur ces pratiques qui se perpétuent dans les hautes sphères de la police et de l’armée. Des membres du Congrès américain ont estimé que ces abus pourraient compromettre les aides financière et militaire des Etats-Unis. Du côté de l’ONU, un protocole de 2011 pour mettre fin à ces abus sexuels n’a pas abouti.

Le «bacha bazi» s’est intensifié depuis deux ans. Il était interdit sous le régime taliban, entre 1996 et 2001. 

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