Afghanistan : quatre soldats français tués dans une attaque
AFGHANISTAN - Selon l'Elysée cinq soldats ont aussi été blessés, dont trois gravement.
Quatre soldats français de la coalition de l'Otan ont été tués et cinq autres blessés en Afghanistan samedi 9 juin dans l'attaque d'un kamikaze dissimulé sous une burqa. Elle a eu lieu en Kapisa, province sous contrôle français de l'est du pays.
• Que s'est-il passé ?
D'après l'Isaf, la force armée de l'Otan, qui ne communique jamais la nationalité des victimes, "quatre soldats internationaux sont morts à la suite d'une attaque d'insurgés dans l'est" du pays. Le porte-parole de la police en Kapisa a affirmé que l'attaque s'est produite "contre un convoi de troupes françaises" dans le district de Nijrab et que ce sont bien des soldats français qui ont été tués.
Une information confirmée par l'Elysée qui a par ailleurs annoncé que cinq autres soldats avaient été blessés, dont trois gravement. Les victimes appartiennent "au 40e régiment d'artillerie de Suippes (Marne) et du 1er Groupement inter armées des actions civilo militaires de Lyon", précise la présidence de la République.
Dans un communiqué, le ministère de la Défense précise que l'attaque a eu lieu à 6h40, heure de Paris, "au cours d'une opération de contrôle dans la région de Kapisa". "Il s'agit d'un incident regrettable. Des soldats de la coalition patrouillaient dans un petit bazar et ils ont été attaqués par un kamikaze portant une burqa", a dit à Reuters un porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur.
Tous les blessés ont été transférés à l'hôpital militaire de Kaboul. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances du drame. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, doit se rendre dimanche en Afghanistan.
• Les talibans parlent de douze français tués
Les talibans ont revendiqué 12 morts dans les rangs français via leur porte-parole. "Un fedayin" (kamikaze) s'est fait détonner "dans une patrouille à pied française", tuant "12 français" et "4 policiers afghans", a-t-il indiqué dans un message envoyé à l'AFP. Les talibans ont toutefois coutume de largement exagérer les pertes qu'ils infligent aux forces étrangères.
• François Hollande : "C'est toute la France qui est touchée"
Le président François Hollande, cité dans le communiqué de l'Elysée, a exprimé sa "plus vive émotion" et "s'associe à la douleur des familles". "A travers ce drame, c'est toute la France qui est touchée aujourd'hui". Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a salué dans un communiqué "le professionnalisme, l'abnégation et l'exceptionnel courage de nos militaires engagés en Afghanistan".
"Force est de constater qu'il reste des zones très difficiles où la sécurité doit être renforcée", a pour sa part écrit dans un communiqué la députée UMP Françoise Hostalier, membre de la commission de la Défense de l'Assemblée nationale. Pour elle, l'évenement "montre bien que le travail n'est pas terminé" dans le pays.
Un hommage national aura lieu jeudi 14 juin aux Invalides, a annoncé le ministre de la Défense sur TF1.
• Le bilan depuis 2001 : 87 soldats français tués
Cette nouvelle attaque porte à 87, le nombre de soldats français tués en Afghanistan depuis le début de l'intervention en 2001. Ces pertes sont les premières pour le contingent français depuis le 20 janvier, quand un militaire afghan avait tiré sur des formateurs alors que ceux-ci faisaient leur jogging, sans arme ni protection. Cinq hommes avaient alors péri et 15 avaient été blessés.
• Le retrait en ligne de mire
Environ 3 550 militaires français sont encore déployés à Kaboul et en Kapisa (est). C'est une région instable proche de la capitale, qualifiée de "coupe-gorge" par une source occidentale.
Le président François Hollande a confirmé fin mai lors d'une visite surprise le retrait d'ici fin 2012 des "troupes combattantes" françaises d'Afghanistan. Quelque 2 000 hommes quitteront le pays d'ici la fin 2012, soit deux ans avant le retrait prévu du reste de la force internationale de l'Otan. Le retrait français risque de poser des problèmes en Kapisa, où talibans et trafiquants sont légion. Officiellement, le gouvernement afghan se dit prêt à prendre le relais, alors que le général américain John Allen, commandant de l'Isaf, estime qu'il n'y aura "pas de dégradation de la sécurité" en Kapisa.
La France a déjà amorcé son retrait d'Afghanistan en octobre 2011, passant le relais aux autorités afghanes dans le district de Surobi. En avril, elle a commencé à leur transmettre le flambeau pour la Kapisa.
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