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Après l’opium et l’héroïne, les talibans trafiquent les pierres précieuses

Les talibans afghans vivent du trafic d’opium et d’héroïne, on sait moins qu’ils tirent des dizaines de millions de dollars de l’exploitation illégale du chrome, du rubis et du lapis-lazuli. «Ces ressources pourraient financer les écoles et les hôpitaux afghans», affirme l'ONG Global Witness. A bien y regarder, on trouve derrière la plupart des conflits sur la planète, un enjeu économique caché.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min

Le lapis-lazuli, une pierre bleue semi-précieuse, qui se trouve en grande quantité dans la province montagneuse de Badakhshan, rapporte 20 millions de dollars par an aux talibans affirme un rapport de l’ONG britannique Global Witness. Cette région, longtemps restée à l’abri du conflit, est depuis quelques années le théâtre de violents combats entre talibans et notables locaux, pour les revenus tirés de la pierre bleue.
 
Les talibans, avec l’aide de leurs mentors pakistanais, empochent une grande partie des revenus des mines de chrome de la province de Paktik, et des millions d’euros provenant des mines de rubis de Jegdalek à l’est de Kaboul.
 
Exploitation illégale
Selon Global Witness, les ressources minières représentent la deuxième source de revenus des insurgés afghans. Il faudrait y ajouter le racket et les enlèvements.
 
Les mines de lapis-lazuli suscitent également la convoitise du groupe Etat Islamique (EI) dont les combattants sont implantés à la frontière pakistanaise.
 
L’Afghanistan dispose aussi de gigantesques réserves de gaz, de pétrole et de minerais dont la valeur dépasserait 1000 milliards de dollars. Ces gisements sont parmi les plus principaux moteurs du conflit et de l’extrémisme, estime Global Witness.
 
L’ONG demande que le lapis-lazuli afghan soit classé dans la catégorie des «minerais de guerre» comme on parle de «diamants du sang» en Sierra-Leone dont le commerce est interdit par certains pays.
 
La face cachée des conflits
Souvent les conflits  «politiques» ou «religieux» cachent des enjeux plus sonnants et trébuchants. Les revenus de la cocaïne en Colombie, l'eau au Tibet convoité par la Chine, les métaux rares comme le coltan en République Démocratique du Congo...
 Le coltan, utilisé dans les ordinateurs et les puces de téléphones portables contribue à la misère des Congolais. Le coltan comme les terres rares extraites de la province du Kivu en RDC, sont l’objet du pillage des pays de la région : Rwanda, Ouganda, Burundi.

En Centrafrique, il y a un conflit entre agriculteurs et éleveurs, entre anti-balaka et Séléka, entre chrétiens et musulmans, entre anciens présidents mais le non-dit du conflit reste le diamants et l'or, cachés dans le sous-sol du pays.
 
Ces conflits locaux rendent possibles le vol organisé de ces pays par les caciques locaux ou les puissances régionales. Cela explique pourquoi, l'Afghanistan, la Colombie et la RDC vivent dans la violence depuis près de quarante ans.
 

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