Trois questions sur la mort du mollah Omar, le chef suprême des talibans
La mort du leader des insurgés islamistes remonterait à 2013.
Il n'avait plus été vu en public depuis 2001. Les autorités afghanes ont annoncé mercredi 29 juillet au soir la mort, en 2013, du mollah Omar, le chef suprême des talibans. Des informations jugées quelques heures plus tard "crédibles" par la Maison Blanche.
Francetv info revient sur cette nouvelle, qui risque d'avoir d'importantes conséquences sur le dialogue entre Kaboul et les insurgés islamistes.
Que sait-on de sa mort ?
Assez peu de choses. Mercredi, à deux jours d'un nouveau cycle de discussions prévu entre Kaboul et les talibans visant à pacifier l'Afghanistan, des responsables afghans ont officiellement annoncé la mort de celui que ses fidèles nomment "le commandeur des croyants". "Le mollah Omar est mort. Il est mort dans un hôpital de Karachi [sud du Pakistan] en avril 2013 (...) dans de mystérieuses circonstances", a expliqué à l'AFP le porte-parole des services secrets afghans, le NDS.
Plus tôt, un haut responsable du gouvernement afghan avait déclaré sous couvert d'anonymat que le chef des talibans était "mort de maladie il y a deux ans et [avait] été enterré" dans le sud de l'Afghanistan, sa région d'origine. Selon lui, ce décès a également été confirmé au gouvernement afghan par des responsables pakistanais.
En est-on sûr ?
Depuis la chute des talibans à la suite de l'intervention d'une coalition dirigée par les Etats-Unis dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, des rumeurs ont régulièrement fait état du décès du mollah Omar, qui avait, selon des sources concordantes, trouvé refuge au Pakistan voisin. Mais c'est la première fois que des officiels afghans évoquent publiquement son décès.
"Au cours des dernières années, il n'a participé à aucun rassemblement [des talibans] et n'a fait parvenir aucun message audio à ses partisans (…). C'est ce qui nous fait croire qu'il était effectivement mort", a pour sa part souligné un responsable taliban sous couvert d'anonymat.
Les talibans n'ont officiellement ni confirmé ni démenti la mort de leur chef, dont la tête avait été mise à prix par les Etats-Unis à 10 millions de dollars, rappelle le site de la télévision afghane 1tvnews (en anglais). Mais le mollah Omar, rappelle Libération, n’avait donné aucun signe de vie depuis un enregistrement audio de 2007. "En avril, les talibans ont cru nécessaire de publier sur leur site une longue hagiographie de leur dirigeant, affirmant qu’il poursuivait ses 'activités jihadistes'. Une manière de démentir les régulières annonces de sa mort, sans toutefois fournir la moindre preuve", écrit le quotidien.
Quelles sont les conséquences de sa mort ?
Début juillet, le Pakistan a organisé une première rencontre officielle entre des cadres talibans et des représentants du gouvernement de Kaboul afin de mettre sur les rails des pourparlers de paix. Or, l'annonce du décès du mollah Omar, qui avait hébergé en Afghanistan l'architecte des attentats du 11-Septembre, Oussama Ben Laden, pourrait compliquer la poursuite du dialogue, à deux jours à peine d'une deuxième série de discussions prévue entre Kaboul et les talibans.
"Cette nouvelle va certainement affecter les pourparlers", a ainsi expliqué à l'AFP Rahimullah Yousoufzai, expert de la mouvance talibane. "Si leur chef suprême est bien mort, les talibans risquent de se diviser sur les négociations (...). Il faudra même savoir si les discussions prévues auront bien lieu", a-t-il ajouté.
Dans un communiqué confirmant l'annonce des services secrets, la présidence afghane a, quant à elle, soutenu que la mort du mollah Omar ouvrait "plus qu'auparavant" la voie à des discussions et appelé "l'ensemble des groupes d'opposition armés à saisir cette occasion et à participer au processus de paix".
Ce décès risque en outre d'ouvrir une crise de succession inédite. Cité par Libération, Rahimullah Yousoufzai explique ainsi que de nombreux dirigeants talibans refuseraient que le numéro 2 du mouvement prenne la place du mollah Omar, dont ils souhaitent la nomination du fils aîné, Mohammad Yacoub.
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