Afrique du Sud : les violences se multiplient et la situation dégénère après l'incarcération de l'ex-président Jacob Zuma
Les manifestations, qui ont débuté le 8 juillet, se sont multipliées depuis.
L'Afrique du Sud vit des heures sombres. Alors que la Cour constitutionnelle doit réexaminer ce 12 juillet la peine de 15 mois de prison ferme qu'elle a infligée à l'ancien président Jacob Zuma pour outrage à la justice, les violences et pillages se multiplient dans le pays.
Quatre jours de violences
Cela fait quatre jours que l'Afrique du Sud connaît des pillages et des heurts dans plusieurs régions, notamment dans la province du Kwazulu-Natal (Est), où a été emprisonné l'ex-président le 8 juillet, mais aussi dans la capitale économique Johannesburg. L'incarcération de l'ancien président sud-africain Jacob Zuma en serait l'origine, mais les manifestations auraient rapidement dégénéré en raison notamment des difficultés économiques que vit une partie de la population.
"On ne connaît pas encore bien la raison des débordements. Ce qu'on sait, c'est que tous les magasins, toutes les voitures ont été pillés"
Sphamandla Ndlazi, habitant de Jeppe, quartier déshérité de Johannesburgà l'AFP
Des routes ont été bloquées et des centres commerciaux ravagés, notamment celui de Brookside à Piertemartizburg (Est), qui a été incendié et pillé, ou celui d'Eshowe, ville située à une trentaine de kilomètres de Nkandla, où Jacob Zuma possède une résidence rénovée aux frais du contribuable quand il était à la tête de l'Etat. La police y a dispersé la foule ce 12 juillet en tirant des balles en caoutchouc, comme la veille dans les quartiers pauvres de Johannesburg, où des dizaines de suspects ont été arrêtés par la police.
Près de Durban, port d'Afrique australe, des camions ont été incendiés le long d'une route nationale et de nombreuses voitures brûlées dans les régions affectées par les violences. Des magasins vendant de l'alcool, fermés depuis deux semaines en raison des restrictions dues au Covid, ont été ciblés. A Johannesburg, des rassemblements, interdits, ont dégénéré comme dans le township d'Alexandra, frontalier du quartier le plus cossu de la ville, où près de 800 émeutiers ont affronté les policiers dans la nuit, blessant l'un d'eux par balle.
"Certains se sentent sans doute blessés et en colère, mais rien ne justifie des actions aussi destructrices"
Le président sud-africain Cyril Ramaphosadans un appel au calme à la télévision le 11 juillet
Cyril Ramaphosa s'est inquiété de ces manifestations "sporadiques, mais de plus en plus violentes". Selon le président sud-africain, elles risquent de plomber l'économie déjà fragilisée, en raison notamment de la pandémie de Covid-19.
Several roads in Johannesburg are closed this morning following acts of violence and looting in parts of the city over the last couple of hours. @ahmedkajee gives the latest developments from the JHB city centre.
— Newzroom Afrika (@Newzroom405) July 11, 2021
Watch: https://t.co/zoinNhTwq1#Newzroom405 #GautengShutdown pic.twitter.com/s85JUZbaC6
(Plusieurs routes sont fermées ce matin à Johannesburg suite à des violences et pillages ayant eu lieu dans certains endroits de la ville ces dernières heures. @ahmedkajee vous tient au courant des développement du centre ville de Johannesburg)
15 mois fermes pour Zuma
Jacob Zuma s'est constitué prisonnier le 8 juillet, après avoir été condamné le 29 juin à 15 mois de prison ferme pour avoir refusé de témoigner devant une commission qui enquête sur la corruption d'Etat sous sa présidence (2009-2018). Il dort depuis à la prison d'Estcourt, près de la chaîne de montagnes des Drakensberg, en pays zoulou, sa région d'origine, où il reste populaire.
La plus haute cour sud-africaine, la Cour constitutionnelle, doit réexaminer sa peine pour outrage à la justice après plusieurs refus de témoigner devant la commission d'enquête. Zuma peut prétendre à une libération conditionnelle après avoir purgé un quart de sa peine, soit près de quatre mois.
Une situation difficile avec le Covid
Outre la réaction à l'emprisonnement de Jacob Zuma, les violences ont rapidement dégénéré en pillages, notamment dans des quartiers pauvres, où une large frange de la population est privée d'emploi. Violences qui surviennent à un moment où l'Afrique du Sud, marquée par la crise économique due à la pandémie de Covid-19, subit de nouvelles restrictions liées à une troisième vague meurtrière.
La plupart des mesures prises fin juin en Afrique du Sud pour limiter les effets ravageurs du variant Delta vont ainsi être prolongées jusqu'à fin juillet, a ainsi annoncé le président Cyril Ramaphosa.
Petite ouverture s'il en est, les restaurants et les salles de sport vont pouvoir rouvrir, s'ils respectent la distanciation et un certain nombre de contraintes pour limiter les contaminations, a précisé le chef de l'Etat. Pas sûr que cela suffise à calmer les esprits, d'autant que l'armée va prêter main forte à la police dans les provinces du Kwazulu-Natal et à Johannesburg...
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