Les innombrables scandales auxquels a survécu Jacob Zuma
Empêtré dans des scandales de corruption et politiques, le président sud-africain a échappé mardi à la neuvième motion de défiance à son encontre.
Le président sud-africain Jacob Zuma a échappé, mardi 8 août, à une nouvelle motion de défiance déposée par l'opposition. Elle a été rejetée d'une courte majorité (198 voix contre et 177 pour). C'est la neuvième fois que le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2009, survit à une motion de défiance. A 75 ans, le controversé chef de l'Etat est empêtré dans de nombreux scandales politiques et financiers, mais semble insubmersible. Retour sur quelques-unes des plus grandes controverses qui ont marqué le règne de ce sulfureux président.
Des accusations de viol
Avant même d'arriver au pouvoir, alors qu'il était vice-président, Jacob Zuma avait fait face en 2006 à des accusations de viol à l'encontre d'une jeune femme séropositive. Le procès avait déchaîné les passions en Afrique du Sud et le jugement avait été exceptionnellement retransmis en direct à la télévision, rappelle Libération. Il avait finalement été acquitté.
Jacob Zuma avait admis avoir eu un rapport sexuel à son domicile avec la jeune femme âgée de 31 ans, mais que ce rapport était "consentant". Le juge avait toutefois réprimandé Jacob Zuma, en estimant "inacceptable" qu'il n'ait pas utilisé de préservatif. Le futur président sud-africain avait à nouveau provoqué l'indignation en expliquant s'être prémuni de tout risque de contamination après un rapport non protégé avec une femme séropositive en prenant... une douche.
Des affaires de corruption
Juste avant le scrutin de 2009, qui le portera au pouvoir, la justice avait aussi – de façon étonnante, insisteront ses opposants – renoncé à poursuivre Jacob Zuma alors qu'il était accusé d'avoir touché des pots-de-vin dans un contrat d'achat d'armes au groupe français Thales. Quelque 783 chefs d'accusation avait été abandonnés. Une décision "irrationnelle", a estimé un juge sud-africain, qui a décidé en avril 2016 de rétablir ces accusations, explique la BBC (en anglais).
La même année, le chef de l'Etat a également été reconnu coupable d'avoir violé la Constitution en faisant payer par le Trésor public des travaux de modernisation dans sa résidence privée dans la région du KwaZulu-Natal, dans l'est du pays. Il avait été contraint d'en rembourser une petite partie, soit près d'un demi-million d'euros.
Le "Guptagate"
Le président sud-africain a été épinglé en raison de ses relations controversées avec une richissime famille d'hommes d'affaires d'origine indienne, les Gupta, mises en lumière par un rapport officiel en novembre 2016. Selon RFI, ce document de 355 pages contient entre autres "de nombreux exemples où les Gupta auraient obtenu des contrats publics via Duduzane Zuma, le fils du président, qui travaille pour cette famille".
En mai 2017, des milliers d'e-mails révélés par la presse ont de nouveau pointé les proches relations entretenues entre le président, ses alliés et les trois frères Gutpa, qui auraient accueilli des ministres et directeurs d'entreprises publiques pour des séjours de luxe dans leur résidence à Dubaï. Devant la gravité des allégations, l'ANC, le parti de Jacob Zuma (et de l'emblématique Nelson Mandela), a dû ouvrir une enquête pour déterminer leur véracité, rapporte le Financial Times (article payant, en anglais).
Des résultats électoraux controversés
En août 2016, l'ANC réalise aux municipales son plus mauvais score national depuis l'avènement de la démocratie en 1994. Jacob Zuma est désigné comme le principal coupable de la débâcle électorale de son parti. Quelques mois plus tard, trois ministres réclament sa démission, s'inquiétant "des effets électoraux potentiellement désastreux des affaires de corruption" visant le président, relate la BBC.
En mars 2017, face à cette fronde interne qui gronde, Jacob Zuma procède à un large remaniement et évince dix ministres ainsi que neuf ministres délégués pour placer ses fidèles au gouvernement. Un remaniement brutal, fruit de luttes internes au sein de l'ANC, "aussitôt surnommé 'la nuit des longs couteaux'", remarque Le Monde (article payant).
Mardi, pour la quatrième fois depuis 2015, les députés de la majorité étaient appelés à voter une motion de défiance contre le chef de l'Etat. Le vote s'est tenu à bulletins secrets – une première. Les opposants de Jacob Zuma espéraient donc que certains membres de son parti oseraient se retourner contre lui. Une fois de plus, il s'en est sorti et compte bien rester au pouvoir jusqu'à la fin de son mandat, en 2019.
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