Algérie : "Le combat continue, ce n'est pas encore la victoire finale", clament les habitants d'un pays sans Bouteflika
À Alger mardi soir, environ un millier de personnes a fêté la démission du président Abdelaziz Bouteflika. De la satisfaction limitée et toujours empreinte de méfiance, sur le futur du pays.
"Félicitations", chantent des jeunes gens cramponnés sur le toit de leur voiture, à Alger. Après l'annonce de la démission d'Abdelaziz Bouteflika mardi 2 avril, environ un millier de personnes a exprimé sa joie dans les rues de la capitale de l'Algérie. Cependant, on est loin de l'affluence remarquée tous les vendredis depuis le 22 février. Signe que la prudence est toujours de mise.
>>Direct. L'Algérie se réveille sans Bouteflika, le président au pouvoir depuis 1999
"Le président s’en va, ça veut dire qu’ils vont tous partir aussi. On est heureux parce que ça fait longtemps qu’on se retient", lance Samir, drapeau national sur les épaules.
Comme Samir, des habitants affluent vers la rue Didouche, avec leur accessoire fétiche, le drapeau.
Peut-être que maintenant notre vie va changer. Je l’espère de tout cœur.
Samirà franceinfo
Les jeunes en première ligne depuis le début du mouvement de contestation grimpent sur les lampadaires, circulent à trois sur un scooter, tambourinent sur un abribus.
"On respire un peu"
À 60 ans, Moumen ne se risque pas à faire des acrobaties mais son cœur fait des bonds. "Ce sont des sentiments que j'ai ressentis, quand j'étais petit, au moment de l'indépendance. J'avais tout juste six ans. Et voilà, je revis les mêmes moments de bonheur, dit-il. Ça nous manquait. On a vécu certains moments difficiles avec un régime autoritaire. On respire un peu. J'espère que ça ira bien pour les jeunes. On est là pour les soutenir, pour les aider à se surpasser."
Le pire est à craindre parce que les choses ne sont pas tellement claires. Mais le plus important, c'est cette alternance politique qui faisait défaut à certains moments dans le processus de l'histoire de l'Algérie.
Moumen, Algéroisfranceinfo
Plus tôt dans la soirée, le général Gaïd Salah, le chef d’état-major de l'Armée, a exigé le départ "immédiat" d'Abdelaziz Bouteflika. "Il n’avait alors de toute façon plus le choix, analyse Amine. Il avait certainement un pistolet sur la tempe. Ce soir, c'était ou une démission, ou un coup d'État."
Le poids des mobilisations du vendredi
La joie n’anesthésie pas la vigilance des Algériens. Ils le répètent tous ici, le président ne doit pas partir seul. Et la suite, "un grand chantier" doit se faire avec le peuple. "Le combat continue, ce n'est pas encore la victoire finale. Qui va assurer la transition, l'armée, un Etat civil, etc..? , s'interroge un habitant. J'espère que c'est nous. On a du mérite là-dedans."
Zoheir, dans la rue aussi mardi soir, lance un avertissement. "Il faut que ceux qui vont gouverner dans le futur sachent que l'Algérie est une nation", insiste-t-il.
L'Algérie est une nation. Ce n'est pas un territoire qu'on vient dévaster et piller. L'Algérie a un peuple.
Zoheir, à Algerfranceinfo
Et tous se redonnent rendez-vous ici vendredi pour manifester une nouvelle fois, comme chaque semaine depuis le 22 février.
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