Bouteflika lâché par l'armée : "Les loups ne sont pas encore prêts à lâcher le peuple", se méfient les Algériens qui manifestent
Plus d'un mois après le début d'une constestation populaire en Algérie, la puissante insititution qu'est l'armée propose une solution pour faire partir le président Bouteflika, sans convaincre les manifestants.
"Gaïd Salah ? Mais c’est l’un d’entre eux !", s’exclame Ali, un Algérois très méfiant, mercredi 27 mars, au lendemain de l'annonce du chef d'état-major, appelant la veille à recourir à l'article 102 de la Constitution pour déclarer inapte le président de l'Algérie, Abdelaziz Bouteflika.
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"ll n’y a aucune confiance. Jusqu’ici, il n’avait pas bougé. Il a entendu que le peuple crie, s’emporte... Il fallait qu’il réagisse dès le début ! Ça reste un allié de Bouteflika", poursuit cet agent de sécurité qui sort de son travail de nuit. Si mardi soir des klaxons ont été entendus dans les rues d’Alger, la joie, mercredi matin, laisse place à la vigilance. Le 11 mars, le président algérien a renoncé à un cinquième mandat. Quinze jours après, une autre digue a cédé, par la main de l’armée, mais la rue est en plein doute, comme Ali, qui désigne les hommes du système.
Nous, ce qu’on veut ce sont des hommes neufs, ceux que le peuple aura choisis. Eux, ils restent entre eux.
Ali, un Algéroisà franceinfo
Selon Ali, même si l’article 102 est appliqué pour écarter Bouteflika, à la tête du pays depuis 1999, les hommes du clan, ceux du président, seront encore au pouvoir. Et il jure que les Algériens ne l’accepteront pas.
Il reste à savoir à présent si le Conseil constitutionnel, qui s’est réuni mardi soir, suivra les ordres du général Ahmed Gaïd Salah. Son président, Tayeb Belaiz, 70 ans, est un fidèle d’Abdelaziz Bouteflika. La situation est identique à la tête du Sénat. C'est pourquoi, même si l’appel de l’armée à la destitution constitue une avancée aux yeux des manifestants, ils restent prudents. La victoire n’est pas acquise. "Les loups ne sont pas encore prêts à lâcher le peuple, ni à arrêter de s’abreuver de son sang", résume un chauffeur de taxi dans les rues d'Alger.
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