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Démission de Bouteflika : "La situation était devenue totalement intenable pour lui et son clan"

Selon l'historien Pierre Vermeren, la démission du président algérien était devenue inévitable.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des Algériens manifestent dans les rues d'Alger après l'annonce de la démission d'Abdelaziz Bouteflika. (RYAD KRAMDI / AFP)

"La situation était devenue totalement intenable pour Abdelaziz Bouteflika et son clan", a déclaré mardi 2 avril sur franceinfo Pierre Vermeren, historien et professeur d'histoire contemporaine spécialiste du Maghreb à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Le président algérien a présenté sa démission dans la soirée.

"Finalement on a assisté à un baroud d'honneur ces deux derniers jours avec la nomination du gouvernement et l'annonce d'une démission hypothétique à la fin du mois. Maintenant les clans, c'est l'armée. Le général Gaïd Salah, chef d'état-major, a bien dit qu'il ne parlait pas en son nom propre mais au nom de l'armée algérienne, c'est-à-dire de l'état-major, du haut commandement et des généraux-majors. Donc l'armée a accéléré ce départ qu'a obtenu la rue à coups de manifestations répétitives et considérables", a poursuivi Pierre Vermeren.

"L'armée ne peut pas faire semblant d'être un acteur de la transition puisqu'elle est au coeur de l'Etat algérien. C'est elle qui a ramené Abdelaziz Bouteflika au pouvoir il y a 20 ans et c'est elle aujourd'hui qui l'aide à sortir. On voit bien qu'elle obéit aussi à la rue qui a mis une pression extrêmement puissante. Ce n'est pas un acteur parmi d'autres. C'est la colonne vertébrale de l'Etat algérien. Maintenant, tout est à réinventer dans la deuxième République qui s'annonce, si c'est le cas."

Plusieurs options sur la table

Pour la suite, "soit on reste dans les clous de la Constitution et donc on aura le président du Sénat qui a 90 jours pour organiser de nouvelles élections, soit on va vers une Assemblée constituante et donc là on sort des clous et du cadre constitutionnel. Il y a donc plusieurs options sur la table et officiellement rien n'est tranché."

"Il y a une volonté collective de rester dans un mouvement pacifique, une volonté de rester dans les clous. En fait, la Constitution n'est pas contestée dans son esprit, elle est contestée dans la manière dont elle a été instrumentalisée et on voit bien que les Algériens demandent aujourd'hui de choisir vraiment leur président à travers un processus électoral et qu'on ne leur impose pas quelqu'un", a-t-il conclu.

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