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Ils n'ont pas connu les années noires de l'Algérie : ces moins de 20 ans qui se mobilisent "tête baissée" contre Bouteflika

Pour le quatrième vendredi de mobilisation contre le pouvoir, beaucoup de jeunes Algériens vivent les manifestations comme "un rêve".

Article rédigé par franceinfo - Saïd Seghir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Une étudiante algérienne proteste dans le centre d'Alger le 10 mars 2019 (illustration). (RYAD KRAMDI / AFP)

Sur une grande terrasse au dernier étage d'un vieil immeuble avec une vue imprenable sur Alger, Leila, Ines, Sami et Lily préparent secrètement les manifestations dans un squat improvisé avec une trentaine de jeunes. Vendredi 15 mars, des milliers d'Algériens sont attendus dans les rues pour demander  le départ du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans. C'est la 4e grande manifestation hebdomadaire, et la première depuis le report de la présidentielle et la prolongation sine die du mandat du président.

"Je vis cela comme un éveil du peuple. C'est comme un rêve. On n’en peut plus, du système, de ce président qui ne veut pas bouger de son trône." Les quatre amis fabriquent des calicots en écoutant du Led Zeppelin avec l'insouciance touchante et déconcertante d'une jeunesse qui n'a connu les années noires de l'Algérie qu'à travers les récits des parents. Entre 1990 et 2000, dix années de guerre civile et de terrorisme ont fait des dizaines de milliers de morts.

"Papa, lui, a reçu une balle dans le bras et a dû se cacher pendant trois semaines parce qu’il était recherché par les autorités, sourit l’une d’eux. Et bien là, chaque vendredi, il sort."

"On y va tête baissée"

Ils n'ont même pas 20 ans et sont le nouveau visage de l'Algérie. Ils sont aussi une génération qui refuse aujourd'hui d'endosser le passé tragique vécu par leurs aînés. "Je trouve que c’est une qualité plutôt qu’un défaut. C’est grâce à cette insouciance, à cette inconscience, qu’on y va tête baissée."

Eux, ils savent ce qui s’est passé donc ils ont peur et n’y vont pas. Nous, on est pas au courant et on le fait quand même !

Lily

à franceinfo

"On y croit, à ce peuple ! C'est beau", s'enthousiasme l'un d'eux. Tout a l'heure, tous se retrouveront dans la rue autour de leur mot d’ordre : "silmiya", qui veut dire "pacifique".

Le reportage de Said Seghir

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