"Ils ont l'expérience des années 1990" : à l'ombre d'un passé douloureux, les Algériens veulent manifester pacifiquement
En Algérie, les manifestants contre la perspective d'un nouveau mandat présidentiel d'Abdelaziz Bouteflika insistent pour que la contestation, à nouveau dans la rue vendredi, s'exprime dans le plus grand calme.
Une nouvelle mobilisation se profile en Algérie, vendredi 1er mars, contre un cinquième mandat brigué par le président Abdelaziz Bouteflika. Les défilés de protestation s'enchaînent dans le pays depuis l'annonce de sa candidature. Des manifestations que les participants veulent pacifiques, en raison du passé.
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"La Constitution garantit aux citoyens le droit de manifester pacifiquement, dans le cadre de la loi", a déclaré le 25 février le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, devant les députés. Les manifestants n'ont pas eu besoin du chef du gouvernement pour décider de protester dans le calme. Dans les cortèges, le mot "silmia" pour "pacifique" est entonné dès les premiers signes d'éventuels heurts.
Le refus de la violence, de part et d'autre
Les Algériens qui manifestent sont échaudés par l'actualité du monde arabo-musulman et par une une période noire encore dans les esprits. "En raison des expériences au Moyen-Orient, en Syrie, en Egypte, il s'agit d'éviter absolument toute violence de part et d'autre", explique Massensen Cherbi, chercheur à l'université parisienne d'Assas, spécialiste de l'Algérie où il se trouve actuellement. D'ailleurs, "ils ont l'expérience des années 1990", poursuit l'universitaire, expliquant que ce souvenir, pour beaucoup, est un repoussoir.
Pour un policier, tirer sur la foule, c'est tirer sur ses propres enfants
Massensen Cherbià franceinfo
Le chercheur fait référence à une décennie noire et à sa guerre civile qui a fait 150 000 morts. Mais qu'en est-il des autorités qui laissent plutôt faire ? "D'est en ouest, du nord au sud, une grande partie de la population algérienne est dans la rue, toutes classes confondues, des jeunes générations aux plus anciennes, avance Massensen Cherbi. Pour un policier, tirer sur la foule, c'est tirer sur ses propres enfants, sur ses frères, ses cousins, ses parents."
Parmi les photos qui circulent, on a vu celle d'un jeune manifestant embrassant un policier, présenté comme étant son père.
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