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"Je vais regarder de loin" : sceptiques ou inquiets, tous les Algériens ne descendent pas dans les rues contre le pouvoir

Qu'ils aient connu les années de plomb ou qu'ils craignent l'après-Bouteflika, ils ont choisi de ne pas se joindre au quatrième vendredi de mobilisation contre le pouvoir.

Article rédigé par franceinfo - Wahiba Filali
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Manifestation à Alger, vendredi 13 mars 2019.  (RYAD KRAMDI / AFP)

Nordine fait partie de ces Algériens qui préfèrent rester en retrait des manifestations, par peur des répressions ou par inquiétude de l'avenir. D'Oran à Constantine en passant par Alger, une grande manifestation est prévue vendredi 15 mars en Algérie. Il s'agit du quatrième vendredi consécutif de mobilisation pour s'opposer au régime d'Albdelaziz Bouteflika. Le président algérien ne briguera pas de cinquième mandat mais il a décidé de repousser sine die l'élection présidentielle prévue en avril. 

Nordine est directeur d'une maison d'édition. Il observera les manifestants depuis son balcon, à Alger. Descendre dans la rue lui rappelle trop les souvenirs douloureux de la décennie noire, dans les années 1990. "J'ai pris cinq balles, se souvient-il. Et pas seulement par les islamistes : aussi par les gens qui gouvernaient. Mon scepticisme est là... C'est pour cela que je vais regarder de loin..." À 70 ans, il ne se fait plus d'illusion.

Ce sont des gens qui s'accrochent parce qu'ils savent qu'ils ont beaucoup à perdre. Ils feront tout pour garder le pouvoir.

Nordine

à franceinfo

Iba est d'une autre génération : cette étudiante de 25 ans à l'école des Beaux-Arts d'Alger suivra les manifestations depuis son portable.  "Je n'ai pas le choix : si j'ouvre Facebook, c'est le premier truc que je trouve, explique la jeune femme aux cheveux teints en violet. J'aimerais bien être au courant de ce qui se passe. Mais participer c'est autre chose...Ce n'est pas possible."

La jeune femme craint de voir son pays sombrer dans le chaos. "Si Bouteflika part, qui sera élu à sa place ? On n'en a aucune idée ! On pourrait entrer en guerre civile s'il n'y a pas d'entente et nous retrouver comme en Irak ou en Syrie. Et c'est assez flippant." L'étudiante restera donc chez elle, avec ses parents.

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