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L'armée lâche Bouteflika : "Nous ne sommes pas dupes", répond un Algérien de Paris, décidé à manifester à Alger vendredi

Hakim Addad, qui vit dans la capitale française, participe à chaque mobilisation du vendredi à Alger, depuis le 22 février, contre le pouvoir en place. L'annonce du chef d'état-major, mardi, ne l'a pas convaincu. 

Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Hakkim Addad, un Algérien de Paris, ici le 26 mars 2019, va manifester à Alger tous les vendredis depuis le début de la contestation populaire, il y a un mois.   (MATTHIEU MONDOLONI / FRANCEINFO)

"C’est quand même le comble de voir ce personnage parlant de la grandeur du peuple algérien !", déplore Hakim Addad, en réécoutant sur son smartphone, le chef d’état-major algérien Ahmed Gaïd Salah, mardi 26 mars, demander que le président Bouteflika soit déclaré inapte. L'homme qui se désole vit en France et se rend dans son pays natal, l'Algérie, chaque vendredi pour manifester. Et les propos du militaire ne le rassurent pas.

Le témoignage d'Hakim Addad, opposant au pouvoir algérien, recueilli par Matthieu Mondoloni

"Il est le chef d’état-major et membre très influent du pouvoir algérien, auquel le peuple dit ’vous devez partir’ depuis le 22 février, et par millions", poursuit l'opposant, estimant que l'annonce relève d'une tentative du pouvoir en place pour mettre fin à la mobilisation. "Nous ne sommes pas dupes. Les Algériens, depuis trois vendredis déjà, disent : départ de l’ensemble du système."

Nous voulons une nouvelle Algérie. Nous voulons une Algérie démocratique et plurielle. Donc, effectivement, c’est une nouvelle supercherie.

Hakim Addad

à franceinfo

La population va rester mobilisée, assure Hakim Addad : "Nous n’accepterons pas cette fois de nous faire voler un mouvement qui est train d’être reconnu et donné en exemple à travers le monde entier."

"Cessez d'insulter notre intelligence"

Comme chaque vendredi depuis le début des manifestations, Hakim sera à Alger le vendredi 29 mars. "Cela fait des années qu’on milite pour ça, qu’on se bat pour ça, qu’on se prend des bâtons pour ça", souligne-t-il, appréciant un mouvement "pacifique" : "C'est magnifiquement beau, c’est de la joie."

Hakim Addad appelle un ami en Algérie, pour prendre le pouls du terrain. "Je pense que le peuple algérien va sortir vendredi prochain, comme d’habitude. Il va donner une réponse claire au pouvoir algérien en disant 'cessez d’insulter notre intelligence'", répond son interlocuteur au téléphone. "C’est calme pour l’instant ?", interroge Hakim, visiblement inquiet. "Oui, oui, ça se passe bien", assure son ami.

Hakim n'est pas pour autant rassuré. Il redoute désormais une répression violente par le pouvoir en place. Mais ça ne l’empêchera de chanter vendredi, dit-il, comme des millions d’Algériens depuis le 22 février. Il répète ce qu’il criera dans la rue : "Il n’y aura pas de cinquième mandat, M. Bouteflika. Ni la police, ni la tempête, ne nous empêcheront de marcher."

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