"Nous disons basta !" : en Algérie, les enseignants se joignent à leur tour à la mobilisation contre Bouteflika
Un millier d'enseignants et d'élèves ont manifesté ensemble mercredi dans le centre-ville d'Alger contre le prolongement sine die du 4e mandat du président et pour "un meilleur avenir".
Des milliers de blouses blanches crient leur haine du pouvoir en place, mercredi 13 mars à Alger. Les blouses blanches, ce sont les tenues portées habituellement par les enseignants en Algérie. Ils ont pour beaucoup délaissé leurs salles de classe pour manifester contre l'extension du quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, deux jours après les annonces du pouvoir jugées insuffisantes.
"Voleurs, vous avez pillé le pays !" : voilà ce que crie Selma, enseignante de français dans le quartier populaire de Bab-el-Oued, près d'Alger. "Nous, enseignants, nous sommes aussi des citoyens. Bouteflika ne dit plus rien. Les ministres font ce qu'ils veulent, leurs enfants sont à l'étranger et ce sont les enfants du peuple qui paient. Nous disons basta ! il y en a marre."
Ce système est pourri, et il nous pourrit l'existence.
Selma, enseignante de françaisà franceinfo
A ses côtés, Kehina, une autre prof de français, a écrit une phrase de Victor Hugo sur son panneau, qu'elle prend en photo fièrement : "La solidarité des hommes est le corollaire invincible de la solidarité des univers". "Allons vers un univers meilleur ! s'exclame-t-elle. L'injustice, c'est cette jeunesse-là à laquelle on fait barrage, à qui on ne passe pas le flambeau. Cette jeunesse, c'est un génie, si on la laisse parler, créer, vivre et respirer ! Si nous, en tant que génération, nous ne nous mobilisons pas, qui va se mobiliser plus tard ? On n'a pas le droit de se taire !"
Les deux femmes seront de nouveau place Maurice-Audin, vendredi, pour la désormais traditionnelle manifestation contre Abdelaziz Bouteflika. L'Algérie attend toujours un nouveau gouvernement censé représenter, comme l'a promis le président Bouteflika lundi, une "réponse adéquate aux attentes" des concitoyens.
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