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Angola: Isabel dos Santos, première Africaine milliardaire, selon Forbes

A 40 ans, Isabel dos Santos est la première femme milliardaire africaine en dollars, selon le magazine américain Forbes. Belle, polyglotte et surdiplômée, la fille aînée du président angolais José Eduardo dos Santos s'est enrichie en 2013, sa fortune personnelle ayant atteint 3,7 milliards soit 85% de hausse en une année.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Isabel dos Santos, la femme la plus riche d'Afrique. (Tumblr.com)

Extrêmement discrète, Isabel dos Santos n’apparaît jamais dans les médias angolais. C’est tout juste si on l’aperçoit de loin en loin dans les pages people des magazines occidentaux, en compagnie d’une dame de compagnie et de ses trois jeunes enfants.
 
Mariée depuis 2003 à Sindika Dokolo, un collectionneur d'art originaire de République démocratique du Congo, fils du fondateur de la banque de Kinshasa, elle partage son temps entre Luanda, Londres, Lisbonne et Johannesburg, notamment.
 
De Bakou à Luanda
Isabel dos Santos est née en 1973 à Bakou, en Azerbaïdjan. Son père, le futur président angolais, y fait alors des études d’ingénieur. Envoyé dans cette République soviétique par le Mouvement populaire de libération de l’Angola, José Eduardo dos Santos y rencontre Tatiana Koukanova, une Russe qui sera la mère d’Isabel.
 
Au retour de la famille à Luanda, la petite Isabel va à l’école publique, ce qui contribue à fabriquer sa légende de fille modeste et accessible. Au divorce de ses parents, elle suit sa mère à Londres.
 
Polyglotte et surdiplômée
Elle fait de brillantes études d'ingénierie mécanique et électronique au King's College, ainsi que de génie électrique et de gestion des affaires au Royal Collège de la capitale britannique.
 
Mais Isabel dos Santos, qui parle portugais, russe et anglais, ne reste pas au Royaume-Uni. A 24 ans, elle revient en Angola pour se lancer dans les affaires.

On est en 1997. Elle ouvre alors un restaurant, le Miami Beach, à Luanda qui ne marche pas faute d’une gestion correcte (elle possède aujourd’hui l'établissement Oon.dah). Sa société de collecte d’ordures subit le même sort. Et bien d’autres projets qui restent dans les cartons.


 
Femme d’affaires avec la bénédiction de son père
Quand elle investit dans Sonagol, société angolaise d’Etat de gestion du pétrole, dont la famille dos Santos touche les royalties, le journaliste et militant anti-corruption Rafael Marques de Morais, n’hésite pas à pointer dans le Guardian que «tout son business en Angola est supervisé et approuvé par son père.»
 
Aujourd’hui, le président angolais – au pouvoir depuis 1979 – est considéré comme un autocrate qui enrichit sa famille avec l’argent du pétrole au détriment de son peuple. A noter que la plupart des Angolais vivent avec moins de deux dollars par jour.
 
La corruption et les détournements de fonds en filigrane
Ainsi, pour Rafael Marques de Morais, «quand quelqu’un se présente pour investir un milliard de dollars, on peut se demander d’où vient l’argent.»
 
Même son de cloche d’un universitaire américain dans le Guardian. Ce spécialiste de l’Afrique estime que «la source de financement et la gouvernance d’entreprise sont très glauques, le problème de l’Angola étant le manque total de transparence dans la provenance de ces fonds».
 
A noter, l’indice de perception de la corruption de l’Angola le place 168e sur 178 par l’organisation Transparency International.
 
Le Portugal apprécie la providence angolaise
Selon le site de Forbes, c’est l’augmentation des participations d'Isabel dos Santos «dans des entreprises portugaises, notamment une banque et une société de télécommunications», qui ont fait sa fortune.
 
Car l’ancien colonisateur est le réceptacle privilégié de la manne angolaise. Et en temps de grave crise, Lisbonne apprécie cet afflux d’argent.
 
Par opérateur de télécommunications, Forbes entend la plus grande société de télévision câblée portugaise Zon Multimédia, dont Isabel dos Santos est la principale actionnaire via les sociétés Jadeium et Kento Holding (28,8% du capital de Zon) qui lui appartiennent.
 
Sa fortune explose depuis dix ans
Autre source qui alimente la fortune personnelle de la femme d'affaires, des actifs dans au moins une banque en Angola : 19,5% de BPI, l'une des plus importants établissements financiers cotées en bourse dans le pays, avec une participation dont la valeur est estimée à 465 millions de dollars.
 
En Angola, Isabel dos Santos détient également 25% de la banque portugaise BIC, pour 160 millions de dollars, et 25% d'Unitel, l'une des deux sociétés de  téléphonie du pays, une participation valant à elle seule un milliard de dollars, affirme encore Forbes.

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