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Kenya : de nouveaux témoignages décrivent l'horreur de l'attaque des shebabs

Les islamistes somaliens ont attaqué l'université de Garissa, jeudi, massacrant 147 personnes.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des étudiants rescapés de l'université de Garissa, au Kenya, après l'attaque d'un commando de shebabs islamistes, le 3 avril 2015. (CARL DE SOUZA / AFP)

"J'ai vu beaucoup de choses, mais jamais rien de tel", souffle Reuben Nyaora, un infirmier travaillant pour l'ONG International Rescue Committee (IRC). Ce dernier décrit l'horreur de l'attaque des islamistes somaliens shebabs contre l'université de Garissa, au Kenya"Il y avait des corps partout, qui avaient été exécutés en ligne."

"Nous avons vu des gens dont les têtes ont été soufflées, avec des blessures par balle partout, le tout dans un désordre effroyable"

Reuben Nyaora, infirmier pour une ONG au Kenya

AFP

Des corps empilés, du sang s'écoulant dans les couloirs... Les shebabs ont tué 147 personnes, principalement des étudiants dormant sur le campus. "Nous avons donné les premiers soins pendant les combats – des soldats se faisaient tirer dessus juste devant nous, comme les victimes retenues en otage, ajoute Reuben Nyaora, la voix tremblante. Et puis nous sommes allés dans les couloirs. Ce que nous avons vu était bien trop horrible pour être imaginé, et pourtant nous l'avons vu."

Se faire passer pour mort

Arrivé parmi les premiers sur le campus pour apporter les premiers soins, ce Kényan de 32 ans explique aussi comment certains sont parvenus à en réchapper : "Tout le monde avait l'air mort, mais alors que nous parlions, des étudiants qui se cachaient depuis des heures sont sortis – certains de placards, d'autres du plafond." Des étudiants se sont même barbouillés du sang de leurs amis exécutés pour passer pour morts, alors que les islamistes passaient de pièce en pièce à la recherche de personnes à abattre. 

Le secouriste raconte avoir vu trois femmes apparemment mortes, couvertes de sang de la tête aux pieds, qui se sont extirpées indemnes de tas de cadavres. "Les femmes ont dit que les assaillants criaient en swahili, en même temps qu'ils tiraient sur les hommes : 'Nous sommes venus pour tuer et pour être tués' (...) Puis ils ont dit aux femmes de 'nager dans le sang'", comme pour se moquer d'elles, jouer avec elles, avant de partir en les ignorant, détaille-t-il.

Le sarcasme des assaillants

Avant d'exécuter froidement leurs victimes, les islamistes somaliens shebabs, qui ont réveillé les étudiants l'arme au poing, se sont littéralement amusés. "Nous ne craignons pas la mort, cela va être de bonnes vacances de Pâques pour nous", ont crié les shebabs avant de tirer sur les victimes, raconte Salias Omosa, un survivant de 20 ans. Il ajoute que les islamistes ont séparé les musulmans des non-musulmans en fonction de leurs habits. Les musulmans avaient la vie sauve, les autres étaient tués.

Amuna Geoffreys, un autre étudiant survivant, était en train de prier avec d'autres chrétiens quand la fusillade a commencé. Il a couru se cacher dans un buisson, mais a pu entendre les terrifiantes menaces proférées par les assaillants, qui réclamaient un retrait des troupes kényanes de Somalie. "Les tueurs ordonnaient aux gens d'appeler chez eux pour dire : 'Nous mourons parce que Uhuru (Kenyatta, le président kényan) persiste à rester en Somalie'", raconte le jeune homme.

Après avoir appelé leurs parents, ils étaient tués, et puis c'était le silence

Amuna Geoffreys, étudiant kényan

AFP

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