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Le Cap-Vert, le pays où l'alternance politique va de soi

Avec les législatives du 20 mars 2016, qui marquent le retour au pouvoir du principal parti d'opposition, le Cap-Vert confirme la bonne forme de sa démocratie dominée par les sociaux-démocrates du Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV) et les libéraux du Mouvement pour la démocratie (MpD).
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des passants devant les affiches des principaux candidats aux législatives le 20 mars 2016 à Praia, la capitale du Cap-Vert (REUTERS/Julio Rodrigues )

Tout en renforçant le pouvoir du président Jorge Carlos Fonseca, issu du Mouvement pour la démocratie (MpD, libéral), les résultats des législatives du dimanche 20 mars 2016 témoignent de la bonne santé de la démocratie cap-verdienne. Après avoir emporté les premières élections pluralistes de 1991 et de 1995, le MdP cohabitait depuis quinze ans avec le Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV, social-démocrate). Dans le régime semi-présidentiel cap-verdien, le Premier ministre est désigné par le parlement où le PAICV avait jusqu'ici la majorité. 

Le MpD d'Ulisses Correia e Silva, ancien maire de la capitale Praia, a obtenu plus de 53% des voix et décroche ainsi la majorité absolue à l'Assemblée nationale avec 38 élus sur 72, selon le site officiel des élections cap-verdiennes. Le PAICV repart avec 26 sièges et 3 reviennent à l’Union cap-verdienne indépendant et démocratique (UCID). «Aux dernières législatives de 2011, le PAICV avait remporté 38 sièges à l'Assemblée nationale, contre 32 (pour le) MpD, son principal rival et 2 (pour) l'UCID», rappelle le site d'informations chinois People Daily.

Le PAICV handicapé par un mauvais bilan socio-économique
«Je félicite le MpD pour la victoire et je promets à partir de maintenant de mieux préparer les prochaines batailles électorales», a réagi dans la soirée du 20 mars Janira Hopffer Almada, présidente du PAICV à 37 ans. 

La stratégie du PAICV, qui a joué la carte de la modernité en appelant les électeurs à «faire l’Histoire» en désignant pour la première fois une femme Premier ministre, n'a pas convaincu. Le fort chômage des jeunes et l’usure du pouvoir après 15 ans de gouvernement, malgré une cohabitation avec le président Fonseca depuis 2011, ont vraisemblablement pesé sur la performance du PAICV, l'ancien parti unique, qui disposait d’une courte majorité. 

Le MpD a ainsi remporté l’île de Fogo, un bastion traditionnel du PAICV, en raison notamment du mécontentement né des conditions de vie des personnes déplacées la suite de l'éruption du volcan Pico do Fogo en novembre 2014. Par ailleurs, lors des débats avec ses aversaires, la jeune dirigeante du PAICV, qui aurait pu se targuer d'une quatrième victoire consécutive pour sa formation, a été accusée de faire preuve d’arrogance. Une attitude mal perçue par les Cap-Verdiens qui apprécient la simplicité et l’humilité, selon les analystes politiques.

Alternance politique et générationnelle
«Dans la continuité des élections de 1991 qui ont induit un changement de parti (à la tête du pays), et (de celles) de 2001 qui ont vu une nouvelle alternance et l’arrivée d’une nouvelle génération au pouvoir, celle de José Marie Neves, les élections de 2016 (ont permis) la confontation d'une (autre) génération, issue des deux principaux partis», analyse Les Afriques. 

Ulisse Correia e Silva a été élu à la tête du MdP en 2013 et Janira Hopffer Almada a décroché la présidence du PAICV en 2015. Face à deux poids lourds de son parti, «l'élection (de cette dernière) avait été interprétée comme la volonté des militants du parti de changer de génération», poursuit Les Afriques. Par ailleurs, le Premier ministre sortant José Maria Neves avait décidé de quitter son poste. Il estimait «qu’après 15 ans comme Premier Ministre (il a gagné les élections de 2001, 2006 et 2011), il était temps de laisser la place à une nouvelle génération». 

Outre le développement de son pays et son ambition de sortir victorieux des prochaines échéances électorales (les municipales et la présidentielle prévues respectivement en août et au dernier trimestre 2016), Ulisses Correia e Silva a promis de «tout faire pour que la TACV (compagnie aérienne capverdienne en crise) continue de voler avec le drapeau du Cap-Vert ». 

Dans un entretien accordé en novembre 2015 à Jeune Afrique, le président Jorge Carlos Fonseca avait déclaré qu'il se prononcerait sur sa candidature après les législtaives du 20 mars 2016. Leurs résultats sont de bon augure pour une réélection.  







 

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