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Centrafrique : l'accord de paix, signé le 6 février 2019, se fissure déjà

Las ! Un mois après la signature d'un huitième accord de paix en Centrafrique depuis 2013, soutenu par tous les partenaires de Bangui, celui-ci chancelle, après que le nouveau gouvernement issu de l'accord a été désavoué par plusieurs groupes armés et partis politiques.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un combattant de la milice armée 3R, l'un des 14 groupes rebelles signataires de l'accord de paix du 6 février 2019, le huitième depuis 2013 (photo prise le 17 avril 2017). (BAZ RATNER / REUTERS)

L'Union africaine (UA), facilitateur principal de l'accord, a appelé au "calme et à la retenue" en "prenant note des déclarations faites par certains signataires", selon le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki, dans un communiqué.

Sur les 14 groupes armés signataires de l'accord dit de Khartoum, préparé depuis un an et demi par l'UA, plus de la moitié ont désavoué le gouvernement tout juste formé. Selon le texte signé le 6 février, un gouvernement inclusif devait être nommé. Mais le 3 mars, c'est une équipe trop semblable à l'ancienne qui a été présentée, ont affirmé ces groupes armés.

"Un gouvernement de mascarade", selon l'un, qui serait "aux antipodes de l'esprit de l'accord", selon un autre : dans des communiqués séparés, huit groupes armés se sont l'un après l'autre retirés de l'accord.

Aucun groupe ne semble vouloir renoncer à la paix

Malgré leur refus de la nouvelle équipe gouvernementale, la plupart ont indiqué rester "fidèles à l'accord de paix" et, bien qu'appelant à un remaniement ministériel, affirment ne pas se désolidariser d'un texte censé ramener la stabilité dans ce pays en guerre depuis 2013.

Deux partis politiques majeurs – celui de l'ancien président François Bozizé et celui de l'ancien Premier ministre Anicet Dologuélé ont également indiqué se retirer du gouvernement.

Contre la bronca, le Premier ministre Firmin Ngrebada, ancien directeur de cabinet du président Faustin-Archange Touadéra, a déclaré dans une vidéo que ce gouvernement était un "début" et que Bangui allait "par la suite (...) élargir la base de la participation de tous à la gestion des affaires du pays".

Depuis la signature de l'accord, un calme relatif a été observé dans ce pays d'Afrique centrale de 4,5 millions d'habitants, où la violence est quotidienne. Mais suite à l'annonce du nouveau gouvernement contesté, des barricades ont fait leur retour dans plusieurs zones du pays : à Ndele dans le nord, à Zoukombo dans l'ouest.

En Centrafrique, les tentatives de paix se ramassent à la pelle

Cet accord de paix est le huitième signé depuis le début de la crise en 2013. "L'histoire de la Centrafrique bégaie", ont déclaré dans un communiqué commun le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) et la branche des antibalaka (milices d'autodéfense) de Maxime Mokom, deux groupes réfractaires au gouvernement.

Le FPRC ainsi que le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC) et l'Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) sont les trois principaux groupes armés du pays où ils contrôlent une large partie du nord et du centre. Tous trois issus de l'ex-coalition à majorité musulmane de la Séléka, qui a pris Bangui en 2013, ont chacun obtenu des portefeuilles dans le gouvernement nommé le 3 mars. Mais ils réclament plus de représentativité.

A Rome, où il a été reçu le 5 mars par le pape François, le président Touadéra a reconnu que "c'est une chose d'avoir un accord, mais il faut appliquer, mettre en œuvre cet accord".

On peut discuter avant de prendre les armes

Il a appelé les réfractaires du gouvernement à faire usage des "mécanismes" de l'accord prévus pour répondre à des revendications de signataires. Dans le texte signé, les parties s'engagent en effet à "renoncer (...) à tout recours à la force armée pour le règlement de quelque différend". Ils peuvent saisir les facilitateurs de l'accord, l'UA en premier chef, pour "conciliation et, à défaut, arbitrage".

A cet effet, l'UA a annoncé convoquer une réunion de suivi, "afin de faire un point d'étape", le 18 mars à Addis Abeba (Ethiopie).

En Centrafrique, pays riche en ressources mais classé par les plus pauvres du monde, près d'un quart de ses habitants ont dû fuir leur maison.

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