Centrafrique : une partie de l'opération Sangaris "a été un succès"
La mission Sangaris de l'armée française arrive officiellement à sa fin, lundi 31 octobre. Cette intervention française en Centrafrique n'a pas totalement mis fin aux violences inter-communautaires, mais elle a tout de même été un succès pour Seidik Abba, journaliste et écrivain. Il était lundi l'invité de franceinfo.
Le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian était à Bangui en Centrafrique, lundi 31 octobre, pour marquer officiellement la fin de la mission Sangaris de l'armée française. 10 000 Casques bleus vont prendre le relai.
Entretien avec M. Onanga - Anyanga, représentant spécial du secrétaire général, au siège de la MINUSCA. pic.twitter.com/fNnhAx1g88
— Jean-Yves Le Drian (@JY_LeDrian) October 31, 2016
Cette mission qui a débuté en décembre 2013, n'a pas totalement mis fin aux violences intercommunautaires en Centrafrique. Pour autant, le ministre de la Défense a expliqué que "la présence de Sangaris a permis à la démocratie de retrouver son chemin en Centrafrique et c'est une bonne chose".
Seidik Abba, journaliste et écrivain, chroniqueur pour lemondeafrique.fr a quant à lui estimé lundi 31 octobre sur franceinfo qu'une partie de l'opération Sangaris "a été un succès", tout en regrettant que les milices n'aient pas été désarmées.
franceinfo : Quel bilan faites-vous de la mission Sangaris ?
Sedik Abba : Lorsque Sangaris commence en 2013, nous étions au seuil de 300 morts dans les massacres inter-confessionnels entre les anti-Balaka chrétiens [constitués en milices, ils se vengent des musulmans, la minorité au pouvoir à partir de mars 2013] et les musulmans de la Seleka [coalition de petits mouvements qui s’opposent à François Bozizé, président de la République de Centrafrique renversé en mars 2013].
Si Sangaris n'était pas venue, l'engrenage se serait amplifié et on serait peut-être dans la situation du Rwanda en 1994 où on est arrivé en peu de jours à 800 000 morts. (… ) On peut estimer que l'opération a été un succès.
Pourtant les milices n'ont pas été désarmées...
On doit le regretter. On ne peut pas incriminer seule la France, parce qu'il fallait un mandat des Nations-Unies. Malheureusement la communauté internationale n'a pas cru bon de délivrer ce mandat de désarmement des milices. (…) Aujourd'hui, on se retrouve à la case départ parce que les milices sont armées et elles en ont profité pour se réorganiser. Le pays est quasiment coupé entre l'est et l'ouest. L'ouest, où sont les ex-Seleka dans la partie la plus utile du pays, là où se trouvent les diamants et les mines. Les milices en ont profité pour faire du commerce et avoir les moyens d'acheter des armes et faire du recrutement auprès des jeunes désœuvrés.
Le mandat de la mission Sangaris était-il bien défini ?
Il y avait une ambiguïté dans le mandat. Le mandat n'était pas proprement défini. Le plus urgent était l'interposition. Et ensuite le mandat n'a pas évolué. Cette faiblesse du mandat nous mène à la situation d'aujourd'hui où la première partie de l'opération a été un succès mais la deuxième partie, le désarment des milices, a été un échec.
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