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Centrafrique : une transition en panne et des violences inquiétantes
La Centrafrique n’avait pas connu une aussi grave crise depuis son indépendance en 1960. Le coup d’Etat perpétré en mars 2013 par des rebelles musulmans a plongé le pays dans une profonde crise. Bangui peine à se relever des tueries de masse entre communautés musulmanes et chrétiennes de 2013 et 2014. La transition est en panne. Un dixième de la population a fui dans les pays voisins.
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Des échanges de tirs nourris sur l’axe Sibut-Grimari à 100 km à l’ouest de Bangui. Des habitants des villages environnants qui fuient en brousse pour se mettre à l’abri. Les ex-rebelles de la Séléka, pour la plupart des musulmans, n’ont pas hésité le 10 octobre 2015 à affronter les forces internationales qui leur barraient la route vers Bangui.
Ils voulaient marcher sur la capitale centrafricaine au lendemain des violences qui ont fait au moins 61 morts et près de 30.000 déplacés en quelques jours. Des affrontements intercommunautaires provoqués par le meurtre d’un jeune taxi-moto de confession musulmane. Bangui n’avait pas connu un tel degré de violences depuis plusieurs mois.
Dans un communiqué, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation de la RCA exprime ses vives inquiétudes suite à l'infiltration organisée d'élements de plusieurs groupes armés à Bangui. Autre sujet d'inquiétude, le retour dans le nord de la Centrafrique du seigneur de guerre de l'ex-séléka, Noureddine Adam. Selon l'hebdomadaire Jeune Afrique qui rapporte l'information, il y disposerait encore de soutiens parmi les combattants de l'ex-rébéllion.
Les groupes armés réclament le départ de Catherine Samba-Panza
Fin Septembre 2015, la ville de Bangui avait été paralysée pendant quelques jours par des barricades érigées par des manifestants réclamant notamment la démission de la présidente de transition, Catherine Samba Panza.
Rentrée précipitamment de New York où elle venait de prendre la parole devant l’Assemblée générale des Nations Unies, elle avait réclamé un désarmement complet et immédiat des milices et des groupes rebelles devenus trop nuisibles pour le processus de transition : «La nature politique de ces événements est évidente. Il s’agissait ni plus ni moins d’une tentative de prise de pouvoir par la force», avait-elle dénoncé à sa descente d’avion. Pour elle, de sérieuses menaces pèsent désormais sur le processus électoral et risquent de compromettre le dialogue politique engagé par la classe politique et la société civile.
Le président de l’Autorité nationale des élections jette l’éponge
Dans un premier temps, les autorités de la transition avaient fixé au 18 octobre 2015 le premier tour de la présidentielle et des législatives. Le rendez-vous ne sera pas honoré, tout comme le référendum constitutionnel qui était censé se tenir le 4 octobre 2015.
Dans sa lettre de démission, le président de l’Autorité nationale des élections, Dieudonné Kombo Yaya, évoque des «pressions» pour tenir le calendrier électoral, alors que le pays n’est pas prêt pour des raisons financières et sécuritaires. Son vice-président avait déjà claqué la porte le 28 août 2015.
«Cette transition doit s’arrêter»
De passage à Paris, où il a rencontré le président François Hollande le 5 octobre 2015, le chef de l’Etat tchadien Idriss Deby a tapé du point sur la table. Pour lui, il est grand temps que la transition centrafricaine s’arrête : «Il faut une mauvaise élection plutôt qu’une transition chancelante», a-t-il déclaré à RFI, appelant la communauté internationale à trouver «les moyens financiers nécessaires pour permettre à la transition de faire les élections avant la fin de l’année 2015».
Idriss Debby a invité en outre les partenaires de la Centrafrique à régler la question des hommes en armes qui déstabilisent les institutions de la transition. Un défi de taille pour les forces internationales déployées dans le pays et qui sont de plus en plus contestées par les populations centrafricaines. Elles sont accusées de manquer de fermeté à l'égard des auteurs des violences qui déchirent le pays.
Les concertations entre les forces politiques et la société civile ont repris pour fixer un nouveau calendrier électoral. A Bangui, tout le monde veut croire que les élections seront organisées avant le 31 décembre 2015.
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