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L'archipel des Comores rêve de reconquérir l'île française de Mayotte

C’est une île de toute beauté, administrée par la France en violation du droit international. Mayotte est de retour dans la campagne électorale comorienne. Tous les candidats à la présidentielle réclament son retour dans l’archipel comorien. Le débat est loin de préoccuper les nombreux Comoriens qui tentent de rejoindre clandestinement Mayotte-la française, à la recherche d’une vie meilleure.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
L'île française de Mayotte dans l'océan Indien. Les autorités de Moroni réclament son retour au sein de l'archipel des Comores. (Photo AFP/Richard Bouhet)

La dernière crise diplomatique entre les Comores et la France remonte au mois d’août 2015. La délégation comorienne avait claqué la porte lors de l’ouverture de la 9e édition des jeux des îles de l’océan Indien. Moroni entendait protester contre le défilé des athlètes de Mayotte derrière le drapeau français.
 
Les autorités comoriennes avaient rappelé leur ambassadeur à Paris pour consultation. «La célébration sportive a vite tourné en règlement de compte politique, comme en témoignent les poings levés des trois Mahorais distingués lors de l’épreuve de javelot», écrivait l’Obs, dans un reportage consacré à l’événement en août 2015.
 
Un conflit vieux de plus de 40 ans
Les Comores n’ont jamais reconnu le statut de département français de Mayotte dont ils réclament la souveraineté auprès des Nations Unies depuis 1975.
 
Mayotte avait été la seule île à se prononcer en faveur de son maintien sous le drapeau français à l’issue d’un référendum portant sur l’indépendance des quatre îles de l’archipel des Comores en 1974. Une nouvelle consultation organisée en 2009 avait confirmé son statut.
 
Les protestations de l’ONU et de l’Union africaine n’y ont rien fait. La France a même décidé l’instauration d’un visa pour les Comoriens désirant se rendre à Mayotte.
 
Présidentielle tournante : le tour de Mayotte
Alors que la campagne électorale pour la présidentielle du 21 février 2016 bat son plein à Moroni, les Comoriens rappellent que c’est à l’île de Mayotte que devait revenir cette année, la présidence tournante de l’archipel, conformément à la Constitution.
 
Dans son article 13, il est stipulé qu’«une élection primaire est organisée dans l’île à laquelle échoit la présidence et seuls les trois candidats ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés peuvent se présenter à l’élection présidentielle». Une disposition qui restera lettre morte. C’est l’île de la Grande-Comore qui fournira le prochain président de l'archipel.
 
Comme à chaque élection, tous les candidats à la présidentielle 2016 sont unanimes pour réclamer le retour de Mayotte au sein de l’archipel des Comores. «Chaque meeting, chaque intervention médiatique est ponctuée par le point de vue du candidat sur ce qu’on appelle la question de Mayotte», rapporte RFI, qui note que Mayotte reste un dossier important à résoudre pour tout gouvernant de l’archipel des Comores.
 
Des clandestins en provenance de l'île d'Anjouan accostent sur l'île de Mayotte. Ces traversées dangereuses à bord de pirogues à moteur ont fait de nombreuses victimes. (Photo AFP/Richard Bouhet)

La ruée vers Mayotte la française
Si la classe politique comorienne réclame à cor et à cri le retour de Mayotte dans son giron naturel, les Comoriens, eux, s’intéressent à la petite île pour d’autres raisons. La recherche d’une vie meilleure.
 
Qualifié de «Lampedusa de l’océan Indien», le dernier-né des départements français est devenu le point de chute pour des milliers de Comoriens qui y trouvent refuge clandestinement. L’instauration en 1995 d’un visa pour se rendre à Mayotte a remis en cause la libre circulation qui était de mise entre les quatre îles.
 
«Ce qui représentait jusque-là une mobilité familiale et économique est devenue du jour au lendemain immigration irrégulière», écrit le journal français La Vie qui note que la majorité des clandestins souhaitent bénéficier de la qualité du système de santé mahorais et d’une scolarité qui offre la chance d’une vie meilleure à leurs enfants.
 
Les reconduites à la frontière se sont multipliées ces dernières années sans décourager les Comoriens qui rêvent de rejoindre Mayotte. «Mieux vaut être clandestin ici que vivre là-bas», confiait au journal La Vie, un sans papier qui a déjà fait la traversée six fois en douze ans.
 
Pour ces milliers de Comoriens, qui risquent leur vie pour passer en territoire français, le débat sur l’appartenance ou non de l’île de Mayotte à leur pays est bien loin de leurs préoccupations.
 
 
 
 
 
 

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