Côte d'Ivoire : des élections législatives sans surprise dans un climat politique apaisé
Le parti du président Ouattara obtient la majorité absolue, alors que l'ensemble de la classe politique était représenté.
Hormis la cacophonie au soir du scrutin, où chaque camp a revendiqué la victoire, les élections législatives du samedi 6 mars marquent un apaisement très net du débat politique en Côte d'Ivoire.
Un scrutin sans violence. C'est sans doute le constat essentiel qu'il faut tirer de ces élections. La précédente élection présidentielle, en octobre 2020, avait donné lieu à des heurts avant et après le scrutin, provoquant la mort de 87 personnes et fait plus de 500 blessés. Le président Alassane Ouattara avait mis le feu aux poudres en se présentant à un troisième mandat, jugé anticonstitutionnel par l'opposition qui avait appelé au boycott. Et surtout rien à voir avec la crise post-électorale de 2010 qui avait fait 3 000 morts et laissé des plaies profondes dans tout le pays.
Faible participation
Il ne faut cependant pas en tirer de conclusions trop hâtives. Les élections législatives sont de peu d'enjeu dans un pays au régime présidentiel très marqué. La participation y a été une nouvelle fois très faible, un peu moins de 38%, soit un niveau comparable aux législatives de 2016. Enjeux limités et donc ferveur et crispation modestes.
Des incidents ont cependant été relevés par l'ONG Indigo Côte d'Ivoire, dans le cadre de sa mission d'observation. Elle rapporte "190 incidents critiques" dans plusieurs localités, notamment des destructions du matériel de vote dans deux communes. Mais l'ONG reconnaît "un environnement relativement apaisé sur l’ensemble du territoire".
Pluralisme
La présence de l'ensemble des partis politiques à la consultation a aussi contribué au bon déroulement des élections. Pas d'appel au boycott cette fois, ni d'appel au soulèvement. L’opposition a construit une large coalition (PDCI-EDS) regroupant, entre autres, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ex-président Henri Konan Bédié et le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, afin d’éviter "la constitution d'un pouvoir absolu" du président Ouattara et de son parti.
Mais cette union ne lui a cependant pas permis d'arriver en tête. Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti du président Ouattara, conserve la majorité absolue avec 137 sièges sur 254, contre 50 à la coalition PDCI-EDS et 26 aux indépendants.
Si l'ancien président Gbagbo n'est toujours pas revenu au pays, son fils Michel a été élu à Yopougon dans l'ancien fief de son père, en battant un candidat du parti au pouvoir. Et c'est un message d'apaisement qu'il a adressé à l'issue de sa victoire. "Nous allons essayer de consolider ce processus de démocratisation de la vie politique, dans l'objectif de pourvoir atteindre une paix durable", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Réconciliation nationale"
Le retour de Laurent Gbagbo au pays sera sans conteste l'ultime étape du processus de "réconciliation nationale" que le président Alassane Ouattara entend poursuivre. Un retour annoncé par l'intéressé et réclamé par ses partisans, depuis que la CPI en janvier 2019 l’a acquitté en première instance des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qui pesaient sur lui. Mais l'heure est encore aux tractations avec Alassane Ouattara. Le climat politique apaisé lors de ces élections pourrait être un élément positif propice à ce retour.
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