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Afrique du Sud: Nathan Chikoto, l'artiste zimbabwéen qui recycle la ville

Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1min
Né en 1982 au Zimbabwe, l'artiste Nathan Chikoto vit au Cap, en Afrique du Sud. A partir de matériaux de récupération, il crée de véritables «fresques et triptyques urbains», représentations en 3D de paysages de villes sud-africaines. Un véritable festival et patchwork de formes et de couleurs.

Il n’est pas forcément facile de trouver un moment pour parler avec Nathan Chikoto. L’homme est toujours en mouvement, donc difficile à joindre. Et quand vous réussissez enfin à lui parler au téléphone pour une prise de contact, il vous propose de commencer l’entretien… immédiatement. Sans que vous ayez eu le temps de préparer les questions! Un entretien qui se déroule sur fond de rumeurs de rue. Et avec, parfois, beaucoup de friture sur la ligne…

Il est arrivé en 2007 en Afrique du Sud, venu de Harare au Zimbabwe. Il ne s’étend pas sur les raisons qui l’ont amené à quitter son pays natal. Juste que «la vie y est très difficile». Il a d’abord séjourné à Port-Elisabeth (sud) avant de s’installer au Cap. Il explique à mi-mot qu’il y trouve les clients qui lui permettent de vivre de ses créations. Notamment les touristes, nombreux à visiter la grande métropole occidentale sud-africaine. (Nathan Chikoto)
Nathan Chikoto présente un triptyque montrant une vue du Cap jusqu'à Hout Bay, village et port de pêche dans la périphérie de la ville.  (Nathan Chikoto)
«Je travaille avec des matériaux recyclés que je trouve souvent dans des décharges. Mais quand je me promène et que je vois quelque chose qui me plaît, alors je le prends», explique Nathan Chikoto. Résultat: «Je n’achète que de la colle, de la peinture ou du fil électrique», ajoute-t-il. Il peint alors les matériaux qui sont collés sur un support, une planche de bois par exemple.
 (FTV - Laurent Ribadeau Dumas)
L’artiste montre à voir, avec un luxe de détails, aussi bien les fameux townships, ces bidonvilles sud-africains où vivent de nombreux Noirs à l'écart des grandes villes, que le centre des métropoles sud-africaines.  (Nathan Chikoto)
Nathan Chikoto représente les entrelacs d’autoroutes qui séparent quartiers riches et townships. Tout un symbole dans cette Afrique du Sud post-apartheid, où la ségrégation est encore très largement économique et urbaine.  (Nathan Chikoto)
Les maisons des townships sont serrées les unes contre les autres sous un dédale de fils électriques en forme de toile d’araignée. Le fruit de «branchements électriques illégaux», comme l’explique Nathan Chikoto en riant. Des maisons qui sont également surmontées de nombreuses «dishes» («assiettes» en anglais), ces antennes satellites paraboliques.   (Nathan Chikoto)
Les voitures qui circulent en bordure des townships... Quand ce ne sont pas les bateaux qui entrent dans le port ou les hélicoptères qui survolent la ville. (Nathan Chikoto)
«Dans les townships sud-africains, la population vit constamment sous la menace d’un incendie. (...) Le feu peut détruire des dizaines d’habitations en quelques heures, laissant des centaines de personnes sans aucun abri», explique le site de RFI. «Un symptôme du mal sud-africain», résume «Jeune Afrique». 10% de la population sud-africaine vit dans ces bidonvilles. (Nathan Chikoto)
«Mes idées, je les puise d’abord dans mon imagination. Ce sont des images venues de mon esprit, que je représente dans la réalité. Mais je représente aussi ce que les gens me demandent : des villages, des villes, des bâtiments», explique l'artiste.
Pour l’avenir, il a visiblement beaucoup de projets. Un avenir qui semble plus sud-africain que zimbabwéen. «Je souhaiterais notamment ouvrir une galerie pour montrer mes œuvres. En m’associant avec d’autres artistes, un sculpteur, par exemple». C’est tout ce qu’on peut lui souhaiter.  (Nathan Chikoto)

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