Cet article date de plus de trois ans.
L'exposition "Résiste" présente Salifou Lindou et Sejiro Avoseh à la galerie Afikaris à Paris
Publié le 19/02/2021 16:16
Mis à jour le 19/02/2021 17:15
Temps de lecture : 1min
Les œuvres viscérales des deux artistes affichent la violence et le chaos de l'histoire en cours.
Politiques, les œuvres des deux artistes racontent leur époque. La violence picturale qui les transcende reflète aussi bien les conflits sociaux et les horreurs quotidiennes que les combats internes aux êtres humains. Si Salifou Lindou explore "l'infinie résistance de l'être face aux traumatismes de l'existence ", Sejiro Avoseh témoigne de l'histoire de son pays en écho à ses bouleversements. Avec l'exposition Résiste , la galerie parisienne Afikaris propose jusqu'au 23 mars 2021 (également en virtuel ) une réflexion sur l'art en résistance.
Salifou Lindou est né en 1965 au Cameroun. Artiste autodidacte et multidisciplinaire, il a peu à peu abandonné les installations et collages sur toile pour se consacrer au pastel. L’humain et ses ambivalences, ses faiblesses et ses forces, sont au cœur de son travail. Il veut souligner la vulnérabilité des êtres malgré leur intelligence et leur capacité d’adaptation. Si Salifou Lindou traite de sujets de société (l’exil, la politique…), il illustre toujours la rage de vivre et la passion, en opposition à la vulnérabilité de l’enveloppe corporelle. (AFIKARIS)
Dans sa série les "Bergères", inspirée de la mythologie grecque, Salifou Lindou va à contre-courant du mythe originel en libérant le Minotaure. Son personnage mi-femme mi-bête mêle la bestialité à la sensualité et la douceur du personnage féminin. Alors que ces deux visages ne font qu’un, liés par le même corps, l’artiste interprète, à travers cette créature hybride, l’ambivalence des êtres humains, entre fureur et mesure. (AFIKARIS)
"Sous ses pastels se dessinent les combats internes comme externes qui tiraillent la société. Partant d’un questionnement universel, son travail comporte aussi une dimension personnelle, entre souffrance et combat. Son travail est un acte de résistance qui a une vertu éducative, donne une leçon de courage comme d’abnégation. La force ne vient-elle pas en acceptant ses faiblesses ?", explique la galerie. Sa série d’autoportraits le représentant sous les traits d’un boxeur, illustre de cette manière la force mentale qui l’habite. (AFIKARIS)
Sejiro Avoseh est né en 1990 au Nigeria. Entre figuration et abstraction, l’artiste mixe dans ses œuvres peinture et collage pour raconter ses souvenirs, sa vie et son pays. "Je peins les vies qui sont entrées dans la mienne, je peins aussi les effets que ces vies ont eu sur la mienne, comment elles m’ont élevé", déclare l’artiste. Politique et engagé, il raconte la société nigériane en plein bouleversement, agitée par la violence, violence au cœur de sa création. "Il déchire et brûle ses toiles à certains endroits. La toile devient la victime de cette brutalité créatrice, étendard de ces visages déformés, témoin de son temps et des évènements qui déchirent le Nigeria contemporain", explique la galerie Afikaris. Ses portraits déconstruits et défigurés par la douleur et l’injustice montrent les victimes de leur temps, martyres de l’histoire contemporaine. Sejiro Avoseh est le cri d’une génération. (AFIKARIS)
"Dans la série ‘Abuse of Innocence’, l’image d’ordinaire lisse et colorée des Teletubbies de notre enfance laisse place à un conte post-apocalyptique. L’artiste a choisi ces icônes issues de la culture populaire pour représenter l’innocence des citoyens maltraités et abusés par les forces de l’ordre. Il accuse ainsi la brutalité et l’animalité de la police. Il en interroge les débordements et leurs conséquences à travers ses toiles "Floating in Lilies". Cet ensemble rend hommage aux personnes disparues après la manifestation contre le SARS (une unité de police très controversée, NDLR) qui a eu lieu à Lagos, au Nigeria, le 20 octobre 2020", explique la galerie. (AFIKARIS)
Sa série "Hungry and Angry" traduit l’état d’un peuple rendu invisible par les autorités, abandonné et laissé à lui-même face aux pénuries et à la pauvreté. Un peuple affamé et en colère. "Loin d’être une fiction, cette série est en lien direct avec la situation politique actuelle du Nigeria. Si Sejiro Avoseh l’a réalisée avant les manifestations d’octobre 2020 et leur répression sanglante, elle illustre les sentiments d’injustice et d’impuissance qui ont nourri les évènements actuels. Elle se fait porte-parole d’un peuple révolté qui s’érige contre des inégalités abyssales et se bat pour plus de liberté et des avancées sociales. Elle s’inscrit ainsi dans une démarche de contestation globale du régime", déclare Afikaris. (AFIKARIS)
Partager : l’article sur les réseaux sociaux
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.