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Le Musée des Confluences à Lyon redonne ses couleurs à l’Afrique

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Statuettes, masques, parures, vêtements, décoration murale, photos, tableaux… les nombreux objets présentés dans l’exposition "Une Afrique en couleurs" évoquent l’usage de la polychromie et son importance dans la culture africaine.

"Les amateurs d’art africain ont toujours privilégié les formes et la plastique des objets, au détriment de la couleur, quitte à faire disparaître les pigments, ou les tissus. Or le continent africain compte de très bons coloristes, depuis les peintures rupestres jusqu’aux œuvres contemporaines", déclarent Manuel Valentin, commissaire de l’exposition, et Maïning Le Bacquer, cheffe de projet de l’exposition Une Afrique en couleurs, qui se tient jusqu’au 22 août 2021 au Musée des Confluences à Lyon.

"Longtemps, les arts du continent africain ont été noirs. Man Ray, Picasso ou Leiris les ont admirés comme des ‘fétiches’, pour leur plastique, leur puissance graphique mais jamais pour leurs couleurs. (…) L’exposition Une Afrique en couleurs montre combien la pensée et l’esthétique du continent donnent vie aux pigments. Elle est une invitation à changer nos regards et comprendre notre méprise à ne pas avoir considéré la couleur comme une véritable dialectique", précise Hélène Lafont-Couturier, directrice du Musée des Confluences.

Dans la plupart des massifs sahariens, l’art rupestre disparaît au cours des premiers siècles de notre ère, mais perdure jusqu’au 19e siècle en Afrique du Sud. Les motifs peints en ocre, blanc ou noir sur les parois rocheuses révèlent au fil du temps une technique parfaitement maîtrisée de l’usage des pigments.   (MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE, COLLECTION LIEUTENANT-COLONEL LIHOREAU, PARIS – PHOTOGRAPHIE MNHN – J.-C. DOMENECH)
Dans les rituels d’initiation et les pratiques religieuses, les objets utilisés épousent principalement le rouge, le blanc et le noir. Mais la palette traditionnelle jouait déjà avec les bleus, les jaunes et les verts grâce à l’ajout de nombreux matériaux peints, cousus, collés… Puis au cours des deux derniers siècles, les matériaux d’origine industrielle (huile, acrylique, aérosol…) ont remplacé peu à peu la plupart des substances naturelles. Mais si les artistes et les artisans ont vite compris l’intérêt qu’ils pouvaient tirer de ces nouvelles peintures, des substances naturelles ont été conservées, afin d’enrichir symboliquement et conférer aux objets certains pouvoirs.    (DON DE JEAN-MAURICE GACHET. PHOTOGRAPHIE MUSEE DES CONFLUENCES, OLIVIER GARCIN)
Les statues rituelles de formes humaines ou animales sont elles aussi souvent peintes. Les sculpteurs ne s’attachent pas à reproduire fidèlement les teintes de la peau car les couleurs sont là pour signaler la présence d’êtres surnaturels et enrichir la signification symbolique. La recherche de réalisme chromatique viendra plus tard sous l’influence d’images venues d’Occident ou parfois du sous-continent indien.    (COLLECTION DENISE ET MICHEL MEYNET PHOTOGRAPHIE PIERRE VERRIER/ DEPOT DES ŒUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES, LYON. PHOTOGRAPHIE MUSEE DES CONFLUENCES, OLIVIER GARCIN)
Le tissu avec sa diversité de textiles, ses différentes techniques de tissage à partir de fibres végétales locales, de soie, de laine et de fibres synthétiques et plus de 300 motifs répertoriés, constitue une part importante de la culture africaine. Le kente (tissu de soie et de coton composé de bandes de tissu entrelacées) constitue un véritable langage en soi et est devenu l’une des icônes de la culture africaine.      (DON DE DENISE ET MICHEL MEYNET PHOTOGRAPHIE MUSEE DES CONFLUENCES, OLIVIER GARCIN)
Traditionnel ou moderne, le vêtement est la principale source d’expression visuelle des individus, il est un marqueur social important. Il représente aussi un champ essentiel de la créativité, la plupart des statuettes étant habillées. Mais le tissu a peu à peu disparu, car il était abîmé ou simplement parce que les amateurs d’art souhaitaient admirer la forme de la sculpture en elle-même.        (COLLECTION DENISE ET MICHEL MEYNET PHOTOGRAPHIE PIERRE VERRIER)
Au 19e siècle, les accessoires vestimentaires européens sont déjà représentés sur les statuettes. Puis dès la première moitié du 20e siècle, sur fond de présence coloniale, d'évangélisation et d'urbanisation croissante, l'adoption du vêtement occidental va gagner la rue. Dans les années 1970, ce phénomène va s’accentuer, en particulier dans les grandes villes congolaises, avec le mouvement de la Sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes). Les costumes aux couleurs éclatantes vont alors créer un véritable phénomène de mode et même pour certains un art de vivre.       (PHOTOGRAPHIE BAUDOUIN MOUANDA)
Comme pour beaucoup d’autres objets et vêtements, les perles en pâte de verre (et plus tard en plastique) importées depuis des siècles d’Egypte, d’Inde, du Proche-Orient, d’Europe mais aussi fabriquées localement, sont une composante essentielle des traditions artistiques. Utilisées comme des pigments à part entière, elles enrichissent considérablement les vêtements et les parures tant masculines que féminines.        (DON DE DENISE ET MICHEL MEYNET, PHOTOGRAPHIE MUSEE DES CONFLUENCES)
La couleur, fer de lance d'une reconnaissance culturelle, a aussi envahi le paysage urbain. En Afrique du Sud, les femmes Ndébélé développent un style graphique unique avec des motifs réalisés à la peintures acrylique sur les murs des habitations. Reconnaissable de loin par tout individu attaché à son identité Ndébélé, cet art de la couleur fut un instrument de résistance contre le régime de l'apartheid. Il contribua à sensibiliser le monde entier à leur lutte pour la reconnaissance de leurs droits et à façonner, par la suite, l’image de la Nation arc-en-ciel.        (PHOTOGRAPHIE MARGARET COURTNEY-CLARKE)
Nombre d’objets présentés sont issus principalement des collections offertes par Denise et Michel Meynet et Armand Avril. Le Musée des Confluences, avec cette exposition mais aussi sa collection permanente composée d’environ 8 000 objets, l’une des plus importantes de France, permet une véritable exploration de la couleur dans l’art et la culture africaine.        (COLLECTION DENISE ET MICHEL MEYNET PHOTOGRAPHIE OLIVIER GARCIN - MUSEE DES CONFLUENCES)
"Tout ce qui nous entoure n’est autre que la couleur. On est soi-même couleur. La couleur c’est la vie. Vive la couleur pour ne pas dire la peinture !", déclare Chéri Samba.    (CHERI SAMBA, CAACART, COLLECTION PIGOZZI, GENEVE)

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