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Un nouveau plan pour sauver la Casbah d'Alger... sous l'œil de l'Unesco

La Casbah d’Alger est en mauvais état. Ce site, inscrit au patrimoine de l’humanité, est l’objet depuis de nombreuses années de multiples plans de sauvegarde. Mais l’Unesco propose aujourd’hui à l’Algérie la création d'une «agence unique pluridisciplinaire» pour gérer le dossier de la Casbah et réduire les lenteurs administratives et bureaucratiques qui entravent sa réhabilitation.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min

«Insuffisants»... telle est l'avis de l'Unesco sur les travaux menés par les autorités algériennes pour sauver le trésor architectural et culturel que représente la Casbah d'Alger.

Résultat: l'Organisation internationale demande à Alger de modidier les structures administratives impliquées dans ce sauvetage. «Aux yeux des experts de l'Unesco, cette nouvelle agence devrait être dotée d'un "pouvoir de décision rapide" et regrouper toutes les disciplines en une "structure unique" afin que les opérations de réhabilitation ne soient plus "fragmentaires", mais inscrites dans un plan d'ensemble cohérent», précise la radio algérienne à propos de la rencontre qui s'est tenue à Alger du 21 au 23 janvier, consacrée au sauvetage de la Casbah.


«Des mosquées anciennes, des palais ottomans»
La Casbah d’Alger fait partie depuis 1992 des sites algériens inscrits au patrimoine de l’humanité par l’Unesco, avec six autres lieux. L’histoire de ce quartier historique de la capitale algérienne remonte à l’antiquité. La «citadelle» (traduction du mot casbah), «lieu de mémoire autant que d’histoire, comprend des vestiges de la citadelle, des mosquées anciennes, des palais ottomans, ainsi qu’une structure urbaine traditionnelle associée à un grand sens de la communauté», écrit l’Unesco .

La Casbah a été habitée au moins à partir du 6e siècle avant J.-C. quand un poste de traite phénicien y a été établi. «Elle a exercé une influence considérable sur l'architecture et l'urbanisme en Afrique du Nord, en Andalousie et en Afrique subsaharienne, au cours des XVIe et XVIIe siècles. Ces échanges sont illustrés par le caractère spécifique de ses maisons et la densité de sa stratification urbaine, un modèle d'établissement humain où le mode de vie ancestral et les coutumes musulmanes se sont mélangés à d'autres types de traditions», précise l'organisation internationale. 


«373 parcelles en ruines»
Mais ce trésor subit les affres du temps... Souvent critiquées pour la lenteur des travaux de sauvetage de la Casbah, les autorités ont affirmé que l'Algérie était disposée à accueillir les experts de l'Unesco pour des visites périodiques de suivi des travaux de réhabilitation, un dossier qui constitue une «priorité» pour le gouvernement algérien et revêt un «intérêt particulier» pour le Premier ministre.

Si l’Unesco exprime diplomatiquement ses critiques sur la mise en œuvre de la sauvegarde de la Casbah, ne parlant que d’efforts «insuffisants », les chiffres sont cependant plus sévères: «Sur les 1816 parcelles qui constituent le secteur sauvegardé, 605 sont dans un état de dégradation moyen ou superficiel, 507 sont dans un état de dégradation avancé, 331 sont dans un état de dégradation extrême et 373 sont vides ou en état de ruines», selon les données des experts citées par le Huffington Post Algérie. En clair, cela signifie que «50% des bâtisses sont dans un état de délabrement, dont 30% avancé et 10% en ruines», selon Abdelwahab Zekkagh, directeur de l’Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC).


Pas de dés-inscription de la Casbah
De quoi renouveler les rumeurs sur un possible déclassement de la Casbah de la liste de l'Unesco. Rumeurs démenties par Nada El Hassan, la représentante de l'organisation. «La dés-inscription de la Casbah d’Alger de la liste du patrimoine mondial n’a jamais été mentionnée», a-t-elle affirmé, ajoutant: «Ce qui nous intéresse en revanche c’est de voir ce qui est fait, s’il y a un véritable engagement dans l’effort de préservation et on peut voir que pour ce qui est de la Casbah d’Alger c’est le cas, c’est même très fortement le cas, mais la situation du site est tellement complexe qu’il faut peut-être réfléchir à réorienter le tir. Pour nous, ce qui est important est de le faire de manière à mettre les habitants de la Casbah et le développement durable au centre de cet effort.»

Bref, l'Unesco garde un œil sur le sauvetage de la Casbah. 

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