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Adieu franc CFA, voici "l’Eco"

L’Agence France Presse fait le point sur ce qui va changer, ou pas, pour les huit pays d'Afrique de l'Ouest utilisant le franc CFA. Les six pays d'Afrique centrale utilisant également cette monnaie, mais qui forment une zone monétaire distincte, ne sont pas concernés par cette réforme.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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En septembre 2017 à Dakar, des manifestants réclament l'abandon du franc CFA, monnaie jugée néo-coloniale. (SEYLLOU / AFP)

A sa création en 1945, franc CFA signifiait "franc des colonies françaises d'Afrique". Après les indépendances des années 1960, le nom avait déjà évolué pour devenir "franc de la Communauté financière africaine", pour les huit pays d'Afrique de l'Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo). Mais ce nom restait perçu comme un symbole post-colonial.

L’Eco est en fait le nom choisi pour la future monnaie unique des 15 pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). La réforme du FCFA est "une étape préalable" "dans la feuille de route du projet de monnaie unique de la CEDEAO", selon la présidence française.

Mais quand sera vraiment lancée cette monnaie unique ? Les pays de la CEDEAO ont évoqué l'année 2020, mais sans fixer de calendrier précis.

Fin du dépôt des réserves de change en France

Deuxième point majeur de la réforme, la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France, une obligation qui était perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du FCFA.
La BCEAO "n'aura à l'avenir plus d'obligation particulière concernant le placement de ses réserves de change". "Elle sera libre de placer ses avoirs dans les actifs de son choix", selon la présidence française.

Gouvernance: plus de représentants français

Troisième changement : la France va se retirer des instances de gouvernance de l'Union monétaire ouest africaine (UMOA) où elle était présente.
"La France ne nommera plus aucun représentant au Conseil d'administration et au Comité de politique monétaire de la BCEAO, ni à la Commission bancaire de l'UMOA", a expliqué l'Elysée. Il s'agit de "désamorcer les critiques", selon lesquelles la France continuait de dicter ses décisions dans ces instances via ses représentants, selon l'Elysée.

La parité reste fixe avec l’euro

La parité fixe avec l'euro du franc CFA est maintenue (1 euro = 655,96 francs CFA). Il s'agit d'éviter les risques d'inflation (présente dans d'autres pays d'Afrique) a expliqué le président ivoirien Alassane Ouattara.
Cette parité fixe est pourtant l'une des caractéristiques du FCFA les plus critiquées par des économistes africains. Selon eux, l'arrimage à l'euro, monnaie forte, pose problème pour les économies de la région, beaucoup moins compétitives, qui ont besoin de donner la priorité à la croissance économique et à l'emploi plutôt que de lutter contre l'inflation.
Ces économistes plaident pour la fin de la parité fixe avec l'euro et l'indexation sur un panier des principales devises mondiales, le dollar, l'euro et le yuan chinois, correspondant aux principaux partenaires économiques de l'Afrique.

La garantie de la France est conservée

Paris conservera son rôle de garant financier pour les huit pays de l'UEMOA.
"Si la BCEAO fait face à un manque de disponibilités pour couvrir ses engagements en devises, elle pourra se procurer les euros nécessaires auprès de la France", explique l'Elysée. Cette garantie prendra la forme d'une "ligne de crédit".
"Avec le maintien de cette garantie, en attendant l'Eco, nous voulons éviter la spéculation et la fuite des capitaux", a justifié Alassane Ouattara.

Au sommet de la CEDEAO qui s'est tenu le samedi 21 décembre 2019 à Abuja, Zainab Shamsuna Ahmed, la ministre des Finances du Nigeria, a estimé que la mise en œuvre de l'Eco en 2020 n'était "pas certaine", jugeant qu'il restait "encore du travail à faire pour répondre aux critères de convergence".
La réforme du FCFA devrait satisfaire le Nigeria, qui exigeait qu'une monnaie commune ouest-africaine soit déconnectée du Trésor français.





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