Afrique: des taux de fiscalité toujours plus faibles que les autres continents
Les pays d’Afrique sont très inégaux face à la recette publique. C’est ainsi que le ratio impôts/PIB varie considérablement d’un pays à l’autre du continent africain, de 7,6% en République démocratique du Congo à 29,4% en Tunisie en 2016. Globalement, l’Afrique est très en retrait par rapport aux autres continents sur cet indice économique, selon les statistiques publiées par l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) pour qui «la fiscalité est essentielle au développement. Elle permet aux gouvernements de disposer des financements nécessaires pour financer les infrastructures qui sont le fondement du développement économique et de la croissance».
Toujours selon l'OCDE, «six pays – l’Afrique du Sud, Maurice, le Maroc, le Sénégal, le Togo et la Tunisie – affichent des ratios impôts/PIB supérieurs ou égaux à 20% pour l’année 2016». Ces pays affichent des normes fiscales plus comparables à celles des pays développés. Ce sont aussi des pays qui connaissent des situations économiques et sociales plutôt meilleures que d'autres Etats. C'est en Tunisie que ce ratio est le plus élevé (29,4%). A contrario, à l'autre bout de l'échelle, on trouve des pays qui ont un ratio impots/PIB très bas, comme la RDC (7,6%), l'Ouganda, le Botswana, le Cameroun, le Niger et même l'Egypte (15,2%).
Les évolutions varient aussi d'un pays à l'autre en Afrique. C'est ainsi qu'«entre 2015 et 2016, le ratio impôts/PIB a progressé dans 11 pays et baissé dans 10 des 21 pays étudiés, alors qu’en 2015, il avait augmenté de 0,5 point de pourcentage en moyenne par rapport à l’année précédente dans 15 des 21 pays observés», note l'organisme international.
La structure fiscale des pays étudiés montrent que ceux-ci «tirent l’essentiel de leurs recettes fiscales des impôts sur les biens et services, qui ont représenté en moyenne 54,6% du total des recettes fiscales en 2016. Les recettes de la TVA à elles seules représentent 29,3 % du total.»
Reste à savoir si fiscalité rime avec développement. Vieux débat entre théoriciens de l'économie. «Le développement de toutes les économies mondiales a pris ses racines dans l’épargne et la taxation domestiques», assurait Bertrand Badré, directeur général et financier du groupe de la Banque mondiale en 2015 dans Le Monde. Au-delà de ces questions théoriques, il existe d'autres problèmes plus concrets liés aux impôts comme ceux de la statistique, des capacités des administrations locales, de la collecte et souvent de l'impunité fiscale des multinationales... sans parler de la concurrence fiscale entre les Etats.
Pourtant, les besoins en capitaux des Etats sont immenses. Ces données de l'OCDE sont rendues publiques alors que le forum sur l'Afrique organisé par la même OCDE à Paris note que le continent a «besoin de 130 milliards de dollars en infrastructures par an», selon Victor Harison, le commissaire aux Affaires économiques de l'Union africaine (UA).
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