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En Egypte, la politique provoque une hausse de 50% du prix des carburants
Imaginez les réactions en France si un gouvernement décidait d’augmenter le prix des carburants de 50%... C’est ce qui vient pourtant d’arriver en Egypte, en pleine Coupe du monde de football. Cette décision intervient dans le cadre du plan d’austérité mis en place par le président Sissi avec l’appui du FMI. D’autres mesures du même ordre devraient suivre.
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Du sang et des larmes… C’est en quelque sorte ce que promet le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Ce dernier a en effet annoncé, lors de la rupture du jeûne, que «nous devons tous souffrir et lutter pour avoir un pays plus fort à la fin». Et il a mis en cause la politique des prix bas, obtenus grâce à des subventions, sur de nombreux produits de base. Il estime que «sur certains produits, nous avons les prix les plus bas du monde, y compris sur l'énergie, le carburant et des matières premières».
Résultat de cette politique économique qui mêle dévaluation, hausse de la TVA et baisse des subventions, l'augmentation du litre d'essence sans plomb le plus utilisé atteint 35% et celui du diesel de plus de 50%. Prévue et redoutée depuis plusieurs semaines, cette augmentation a été annoncée par le ministre du Pétrole Tarek El-Molla, au lendemain de l'aïd el-Fitr, marquant la fin du mois du ramadan.
Cette hausse des carburants n'est pas la seule. Après une hausse de l'électricité de quelque 20%, en mai 2018, le gouvernement égyptien a augmenté le prix de l'eau potable de 46,5%, selon le journal égyptien EgyptIndependent. Auparavant, le gouvernement avait mis en œuvre une hausse des prix des tickets du métro du Caire. Les quelques manifestations provoquées par cette annonce avaient rapidement été contenues par les autorités.
Un pays en crise
Le président Sissi assume et défend sa politique, affirmant être le seul responsable de toutes les décisions économiques difficiles. «Si quelqu'un peut gérer ces difficultés économiques avec une autre stratégie, s'il vous plaît venez et assumez-en toute la responsabilité», a-t-il ajouté, sachant très bien que personne n'a le droit de venir réclamer la moindre parcelle du pouvoir.
Pays de plus de 97 millions d'habitants, l'Egypte est plongée dans la crise depuis la révolution de janvier 2011. Selon Le Caire, ce système des subventions a coûté 517 milliards de livres égyptiennes (environ 25 milliards d'euros) au cours des cinq dernières années, sans «bénéficier à ceux qui le méritent». Ce système de prix subventionnés pour tout une gamme de produits de base remonte à longtemps. Il a toujours permis d'acheter un certain calme social, laissant le pouvoir et l'armée gérer l'économie à leur façon.
La révolution de 2011 a montré que ce marché n'était plus tenable. Reste à savoir si les Egyptiens pourront supporter et accepter la brutalité d'une telle politique. Mais dans le régime ultra-autoritaire du président Sissi, la contestation n'est pas simple.
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