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L'Afrique a besoin d'industrialisation et d'infrastructures, selon la BAD
Pas de développement en Afrique sans industrialisation. C’est le message lancé le 17 janvier par la Banque Africaine de Développement (BAD) qui publiait ses données économiques sur le continent. Son président, Akinwumi Adesina, a notamment mis l’accent sur la nécessité de promouvoir les grandes infrastructures «contribuant de manière significative à la croissance économique d'un pays».
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Eau, électricité, transports… sont les secteurs clefs qui doivent permettre à l’Afrique de se développer. Le continent doit investir entre 130 et 170 milliards de dollars par an dans ses infrastructures, alors que les investissements n'ont atteint que 62 milliards de dollars en 2016, selon le rapport annuel de la BAD, Perspectives économiques en Afrique 2018, présenté au siège de la Banque à Abidjan.
Le président de la Banque Africaine de Développement résume les enjeux de cette politique d'investissement indispensable dans les infrastructures: «Pour exploiter le vaste potentiel de développement des infrastructures, les autorités nationales devront mettre en place des mécanismes institutionnels efficaces destinés à gérer les tâches complexes que sont la planification, la conception, la coordination et la mise en œuvre des projets, ainsi que la réglementation. Elles devront également prêter attention aux aspects non matériels du développement de l’infrastructure: les grandes questions de politique et de réglementation, la formation d’équipes capables d’exécuter des montages financiers et des recherches constantes pour se maintenir à la pointe des connaissances...», affirme Akinwumi Adesina.
Une croissance de 4,1% en 2018
Le document de la BAD montre que la croissance est aussi repartie en Afrique. La croissance devrait rebondir à 3,6% en 2017, contre 2,2% en 2016, puis grimper à 4,1% en 2018 et 2019. Une croissance qui n'est pas uniforme sur l'ensemble du continent et qui continue de montrer des faiblesses structurelles importantes.
L’Afrique de l’Est demeure la sous-région dont la croissance est la plus rapide, estimée à 5,6% en 2017, en hausse par rapport aux 4,9% enregistrés en 2016. La croissance devrait rester dynamique et atteindre 5,9% en 2018, puis 6,1% en 2019. «Les investissements publics dans les infrastructures ont été déterminants à Djibouti et en Ethiopie», note la Banque.
«Entre 2009 et 2014, la croissance annuelle de l'emploi a augmenté de 3,1% en moyenne», un chiffre «inférieur de 1,4 point à la croissance économique moyenne. La croissance lente de l'emploi a surtout affecté les femmes et les jeunes (15-24 ans)», précise la BAD.
«Un retard industriel dû au manque d'infrastructures»
Dans son bilan, l'organisme insiste donc sur la nécessité de développer les infrastructures, indiquant que les besoins en financement sont de l'ordre de 130 à 170 milliards de dollars par an. «Le retard industriel du continent s’explique principalement par le manque d’infrastructures de production électrique, hydraulique et de transports, lesquelles permettraient aux entreprises de prospérer dans ces industries aux forts avantages comparatifs», écrit la Banque Africaine de Developpement.
Le rapport détaille les obstacles, nombreux, qui limitent la croissance des infrastructures. Des problèmes financiers, bien sûr, mais aussi des faiblesses dans la gouvernance, la gestion, l'organisation ou la planification... «Dans de nombreux pays africains, les aéroports, les routes goudronnées et les centrales électriques sont construits pour apporter des avantages politiques dans les régions de pouvoir puissantes et en deviennent des "éléphants blancs" (des projets de prestige qui ne servent à rien, NDLR), en particulier dans les années 1980», rappelle la BAD.
La Banque précise que tout le monde aurait à gagner d'un développement des infrastructures en Afrique, les pays industrialisés pouvant trouver là des marchés pour l'exportation de leurs technologies.
Afin de relancer les investissements sur le continent, Akinwumi Adesina a annoncé que la Banque organiserait un Forum sur l'investissement en Afrique les 7 et 8 novembre 2018 à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour mobiliser des fonds pour le développement des infrastructures et combler un déficit de financement.
Les économistes de la Banque africaine reconnaissent l'importance des investissements structurants: «Les projets d’infrastructure sont parmi les investissements les plus profitables qu’une société puisse effectuer. Quand ils sont productifs, ils contribuent à la croissance économique du pays et la soutiennent».
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